Du racisme ordinaire…

discrimination Photo: Getty Images/iStockphoto

Il a été l’un des premiers personnages perfides que j’ai croisés à mon arrivée au Québec. Autant il m’a déconcerté par le fond sournois de sa pensée, autant il a failli achever mon optimisme à l’égard de la bonté de l’humain.

En public, cet homme originaire d’Afrique subsaharienne éblouissait par son intelligence, sa courtoisie, sa galanterie et la générosité de ses conseils mais, en privé, il se révélait être un adepte du racisme ordinaire et de son corollaire, la théorie du complot.

Personnage dogmatique, il avait des opinions tordues sur tous les sujets. Plus je le laissais prendre le dessus dans nos échanges privés, plus il se lâchait.

Pour vous dire, jusqu’à son décès, il s’est vanté de ne pas faire ses déclarations d’impôts pour boycotter des gouvernements pourris et à la solde d’un groupuscule occulte de familles nanties – les Rothschild, Rockefeller et acolytes, qui dirigent le monde – depuis la nuit des temps.

Au sujet de Dieu, animiste qu’il était, il méprisait toutes les religions, mais avec une préférence pour le christianisme. Chaque fois qu’on traversait le Marché Central – bâti, selon ses dires, sur des terrains de l’Église –, il me répétait inlassablement sa réplique fétiche : «Dieu marche même à la Bourse.»

Ainsi, il accusait l’Église d’avoir accaparé les meilleurs terrains de Montréal, avant d’accumuler une fortune colossale en revendant une partie de son patrimoine immobilier!

Sur le racisme, il était catégorique : les races existent et la mixité entre celles-ci était une mauvaise idée. À ce sujet, il avait gardé un pernicieux souvenir de la première fois où il avait vu une femme blanche nue. Gamin, un jour, il s’était éloigné de son village pour se rafraîchir dans la rivière. Sur place, il était tombé sur une Européenne expatriée qui nageait à poil. Un traumatisme qui l’avait ensuite hanté!

Quant aux femmes, il était d’un machisme assumé. Pour lui, elles n’étaient que des mégères qui abusent de leurs charmes pour asservir les hommes. C’était l’une des rares fois où il reconnaissait une égalité entre des humains de couleurs différentes, mais seulement dans un sens tordu.

Sur l’homosexualité, son homophobie était sans bornes. Alors, pour le provoquer, je lui lançai un jour : «Et si un de tes adolescents sortait du placard?» Sa réponse ne tarda pas à jaillir de sa bouche : «Jamais, me répondit-il le visage défait par la colère. L’homosexualité est un mal des Blancs!» (sic)

Hélas, la bêtise humaine n’a ni couleur de peau, ni origine, ni croyance!

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