Bronson : du grand art
Vous êtes familier avec les films du cinéaste danois Nicolas Winding Refn? Si la réponse est non et bien, je vous recommande de toute urgence de découvrir l’oeuvre d’un des cinéastes les plus intéressants des 15 dernières années. Mieux connu pour sa brillante trilogie culte Pusher (trois drames de moeurs distincts sur le milieu criminel à Copenhague) et son méconnu et viscéral drame urbain Bleeder, il est le réalisateur qui permit à Mads Mikelsen et Kim Bodnia de faire leur début au cinéma et de se faire connaître. En espérant une sortie de son Valhalla Rising prochainement (un film de viking contemplatif avec Mads Mikkelsen), Nicolas Winding Refn entre dans la cour des grands avec Bronson qui sort sur format numérique aujourd’hui.
Ce film raconte l’histoire vraie de Michael Gordon Peterson, un prisonnier britannique qui est devenu un des dangereux criminels les plus craints au pays. Né dans une famille de classe moyenne, il est arrêté et condamné à 7 ans de prison pour un petit vol à l’étalage. En prison, il est rebaptisé « Charles Bronson » (en hommage à l’acteur et au film Hard Times dans lequel il incarnait un bagarreur de rue) et devient rapidement l’ennemi public numéro 1. Il finira par passer la majeure partie de sa vie dans une cellule d’isolement.
Voilà un drame biographique qui détonne de tous les autres films du genre. Le réalisateur propose une vision singulière et imagée de ce personnage excentrique. Non seulement la structure narrative est inventive et adroite, mais c’est la mise en scène très éclatée du réalisateur qui en fait de ce film un petit chef-d’oeuvre des temps modernes. Très inspiré par le cinéma de Kubrick, le film a été comparé à A Clockwork Orange par ses qualités artistiques générales (ses cadrages, ses couleurs, sa violence, son utilisation musicale). Le réalisateur danois s’amuse tout autant que le comédien Tom Hardy qui offre une performance hallucinante et habitée dans le rôle-titre. Le véritable tour de force de ce flamboyant exercice de style est l’équilibre entre l’humour et la violence. Un film à la fois étonnant et sublime risque d’en étonner plusieurs et le film fonctionne à merveille à tous les registres. Du grand art.