La République centrafricaine sombre en silence

Au centre communautaire Don Bosco, situé à Bangui, le PAM distribue des rations alimentaires aux Centrafricains déplacés Photo: PAM/Charlene Cabot

La République centrafricaine est actuellement plongée dans le chaos politique et humanitaire.

Un des derniers épisodes médiatiques de ce cauchemar centrafricain est la condamnation par l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance) le 10 mai dernier du recrutement et du meurtre d’un garçon de 17 ans. Avec un autre jeune homme de 19 ans, il avait pour ordre, par le groupe armé rebelle de la Séléka, de voler un véhicule dans la capitale Bangui. Découverts, les deux hommes ont été lynchés par la foule. L’officier de la Séléka qui avait donné l’ordre de voler le véhicule aurait réussi à prendre la fuite.

La porte-parole de l’UNICEF, Marixie Mercado a rappelé que « tous les enfants ont le droit à la protection. Le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats est l’une des plus graves violations des droits des enfants selon la résolution 1612 du Conseil de sécurité et ceux qui commettent de telles violations doivent être poursuivis ».

Triste épisode dans une République centrafricaine livrée à elle-même, où la crise se détériore, avec un grand nombre de centres de santé et de nombreux dépôts d’aide humanitaire et de denrées alimentaires pillés. L’UNICEF appelle les autorités à établir la sécurité et le respect des lois au plus vite afin de protéger « les civils, et en particulier les femmes et les enfants ».

Le Secrétaire général Ban Ki-moon a, quant à lui, rappelé que la priorité première était de rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays, comme le prévoient les Accords de Libreville de janvier 2013, qui fournissent le cadre de la transition politique. Il s’est aussi dit préoccupé par le niveau d’insécurité et l’effondrement total l’état de droit dans le pays.

De nombreuses violations des droits de l’homme ont été signalées, telles que des attaques ciblées, des pillages, des violences sexuelles et l’enrôlement d’enfants-soldats. Toutes les institutions semblent paralysées.

Selon l’OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires), plus de 173 000 Centrafricains ont été déplacés depuis décembre 2012 et 49 000 se sont réfugiés dans les pays voisins. Avant la crise, 3,2 millions de personnes dans le pays étaient déjà privés d’accès aux soins de santé et près de 80 000 autres étaient touchées par la malnutrition aigüe.

Les coups d’État se sont succédé dans cette ancienne colonie française, mais des accords de paix ont été signés à Libreville le 11 janvier 2013 pour la formation d’un gouvernement d’union nationale composé du camp de l’ancien président François Bozizé, de l’opposition et de la rébellion. Mais arguant du non-respect des accords par le clan Bozizé, les rebelles ont déclenché les hostilités le 22 mars et déclaré vouloir mettre en place un gouvernement de transition s’ils prennent Bangui. Le 24 mars 2013, les rebelles de la Séléka prennaient le palais présidentiel.

Interrogé par Radio France internationale, Michel Djotodia, le chef politique de la rébellion, s’est autoproclamé président de la Centrafrique. Il se donne trois ans pour des élections libres et transparentes.

En plus de cette grave instabilité politique, au 2 mai 2013, l’appel humanitaire lancé par les Nations Unies en faveur de la République centrafricaine n’était financé qu’à hauteur de 26%.

Selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le risque de famine est considérable. Plus de 80 000 personnes, dont 57 000 enfants de moins de cinq ans, sont menacées par l’insécurité alimentaire à la veille de la saison de soudure (mi-mai à septembre).

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