«Excrément du diable» dans les deux Soudans

Photo: Abd Raouf

Une nouvelle guerre se dessine en Afrique. Les hostilités entre les deux Soudans ont commencé peu après l’implosion du plus grand pays d’un continent meurtri par une vingtaine de conflits sanglants et près de 80 coups d’État depuis les grandes indépendances des années soixante.

Dès la naissance du Sud-Soudan le 9 juillet dernier, Juba, la capitale du nouveau pays, et Khartoum s’étaient engagés à des relations «solides et pacifiques» après une guerre civile de plus de vingt ans ayant fait deux millions de morts.

Cette guerre opposait le Nord musulman et arabe au Sud africain chrétien et animiste. À cela venait s’ajouter une source de tension majeure entre les deux : le pétrole, concentré à 80 % au Sud, mais exporté grâce à un oléoduc traversant le Nord.

Sur papier, les deux pays étaient condamnés à s’entendre. Difficile d’y arriver après tout divorce et surtout quand il s’agit d’or noir. Khartoum n’a pas digéré la partition, saluée par le Canada et l’ensemble de la communauté internationale. Elle lui a fait perdre 20 % de sa population et surtout 40 % de ses revenus pétroliers.

De son côté, le nouveau pays a besoin de la manne pétrolière pour développer son territoire (la moitié du Québec) qui ne compte que 100 kilomètres de routes asphaltées. L’or noir doit surtout aider sa population à se nourrir. Elle vit avec moins d’un dollar par jour, et le tiers des neuf millions d’habitants du 193e pays de l’ONU est menacé par la famine.

Si une guerre du pétrole devait avoir lieu entre le Nord et le Sud, elle sera accompagnée d’une crise humanitaire comme l’Afrique en connaît régulièrement.

Avec plus de 100 milliards de barils, une douzaine de pays africains détiennent 10 % des réserves mondiales de pétrole. C’est là une grande chance de développement, mais aussi une malédiction. Le pétrole a souvent été à l’origine de bon nombre de guerres civiles, dont celles du Biafra, qui détenait les deux tiers des réserves pétrolières du Nigeria quand il fit sécession en 1967.

Avant de mourir en 1979, le Vénézuélien Juan Pablo Pérez Alfonzo, l’un des fondateurs de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), avait dit ceci : le pétrole n’est pas seulement de l’or noir, c’est l’excrément du diable.

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