Le Venezuela sur un baril de poudre

Le Venezuela titube, vacille, perd l’équilibre. Il est en train de passer de l’autoritarisme à la dictature. The Economist est formel. L’influent hebdomadaire britannique n’a jamais mâché ses mots en parlant de la «révolution bolivarienne».

Dans son édition du 28 février, le magazine semble même regretter l’hyperprésident Hugo Chávez, mort d’un cancer le 5 mars 2013. Lui, au moins, n’emprisonnait pas systématiquement ses rivaux, contrairement à son dauphin Nicolás Maduro, un ancien chauffeur d’autobus venu à la politique par le syndicalisme.

Il vient de jeter au cachot Antonio Ledezma, le maire de Caracas. Il le qualifie de «vampire». Le soupçonne d’avoir cherché à le renverser.

Élu de justesse en avril 2013 (200 000 voix seulement le séparaient de son adversaire conservateur), Maduro le socialiste voit des putschs partout. Fomentés par les États-Unis, bien sûr.

Washington a aujourd’hui des relations moins froides avec La Havane. Cela doit visiblement l’inquiéter. Il était dans la capitale cubaine le mois dernier, histoire de s’assurer de l’appui de son grand allié.

Son pays en tout cas, ne semble plus le suivre, même s’il fait tout pour marcher dans les pas de Chavez après avoir grandi dans l’ombre du commandante. Mais voilà, il n’a pas le charisme de son mentor et, surtout, n’a pas réussi à juguler l’inflation (68 % en février), à réduire l’insécurité (25 000 homicides l’an dernier) et à mettre fin aux pénuries alimentaires.

Heureusement que l’essence reste la moins chère au monde : deux ou trois cents le litre.

Les classes populaires soutiennent encore Maduro. Après tout, les programmes sociaux, malgré la chute du pétrole, restent généreux. La pauvreté n’a-t-elle pas régressé en 17 ans de «révolution bolivarienne»?

Mais le taux de popularité du président vénézuélien est dangereusement bas. Il est tenu responsable de tout ce qui va mal dans un pays riche non seulement en pétrole (les réserves sont estimées à 300 milliards de barils), mais aussi en fer, en bauxite et en or.

Alors ses jours sont-ils comptés? Le couperet pourrait tomber aux législatives de décembre. Si le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) perd, le scrutin sera sûrement suivi d’un référendum pour destituer son président. À moins qu’il n’y ait un coup d’État?

«Nous sommes Chavez», répète Nicolás Maduro à ses militants. Il en faut plus pour rassurer en ces temps incertains où la mobilisation, contre le «fascisme» d’un côté et la «dictature» de l’autre, prend tous les jours de l’ampleur.

Le Venezuela, il est vrai, est depuis des années assis sur un baril de poudre, mais la mèche rétrécit à vue d’œil.

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