Le vaisseau amiral

Pendant des décennies, le Parti québécois a été le vaisseau amiral de la souveraineté. De gauche à droite, il a mobilisé les souverainistes. Loin d’avoir le vent dans les voiles, il est devenu pour certains, et non les moindres, un bateau à la dérive. Jacques Parizeau n’a d’ailleurs pas mâché ses mots lors de l’allocution présentée dans le cadre de l’événement «destiNation», qui réunissait les principaux ténors du mouvement indépendantiste. Il est même allé jusqu’à affirmer que les souverainistes sont devant un «champ de ruines».

Les souverainistes ont aujourd’hui plusieurs maisons à l’extérieur du PQ. Certains se retrouvent chez Québec solidaire, d’autres au sein d’Option nationale. Certains désirent plutôt agir dans des mouvements citoyens, comme le Conseil de la souveraineté du Québec ou le Nouveau Mouvement pour le Québec. Le PQ, colle d’antan, ne parvient plus à les coaliser. On en veut pour preuve la dure défaite du dernier scrutin.

À ce jour, les aspirants pressentis à la chefferie tendent de trouver la voie qui rassemblera. Jusqu’à maintenant, ils exposent cependant davantage leur vision en matière de calendrier référendaire qu’en termes de projet de société. Jean-Francois Lisée exclut un référendum à court terme et explique que la souveraineté reste à expliquer. Bernard Drainville parle de deux mandats. Martine Ouellet opterait pour le premier mandat. Alexandre Cloutier, de son côté, fixe les balises qui permettront de savoir à quel moment les Québécois seront prêts. Une réponse que Pauline Marois aurait bien aimé avoir. Il manque encore la voie que voudra prendre le favori présentement absent, Pierre Karl Péladeau…

Mais pourquoi opter pour la souveraineté en 2014? La question reste entière. Le processus référendaire de l’Écosse a certes alimenté l’espoir chez plusieurs indépendantistes québécois. Bien que le contexte ait été fort différent, il n’en demeure pas moins que le projet du premier ministre Salmond était orienté sur les bénéfices de rapatrier tous les pouvoirs à Édimbourg. La défaite a été dure, mais seule la suite des négociations avec Westminster permettra d’en mesurer l’ampleur.

Dans le cadre des États généraux sur la souveraineté du Québec, Sébastien Ricard a publié son propre rapport dissident. Il a pourtant mis le doigt sur le malaise qui plombe le discours souverainiste, soit son incapacité à moderniser son approche, son incapacité à se définir à l’extérieur de son opposition au Canada.

Le bateau amiral prend l’eau. Tout comme Jean-Martin Aussant, Véronique Hivon parle même de la nécessité de procéder à une refondation du Parti québécois. S’il reste encore du temps pour colmater la brèche, la prochaine campagne à la chefferie qui s’amorce devra rapidement donner les arguments nécessaires pour le remettre à flot. Cela dit, un parti, après tout, ce n’est qu’un véhicule.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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