Leadership demandé

Depuis les révélations entourant l’ouverture d’un centre communautaire dirigé par un iman qualifié de radical dans l’est de Mont-réal, le débat sur la montée de l’intégrisme se retrouve au cœur de la politique municipale montréalaise. L’administration Coderre a su bien réagir et poser des gestes rassurants. Bref, assumer un leadership.

Cela dit, les pouvoirs d’une ville demeurent bien limités pour encadrer cette problématique. N’en déplaise à Philippe Couillard, qui tergiverse avec cet enjeu, le débat doit se faire à l’Assemblée nationale. Les solutions durables en matière de prévention relèvent de Québec.

Avec raison, la Coalition avenir Québec a décidé de sauter sur la patinoire. De façon responsable, elle contribue au débat avec ses propositions afin de lutter contre la montée de la radicalisation religieuse. La formation politique propose de modifier la Charte des droits et libertés de la personne afin de prévenir la promotion de comportements et d’attitudes qui sont contraires aux valeurs québécoises.

Ces valeurs québécoises ne sont pas faciles à définir. Elles réfèrent à des principes qui font l’objet d’un large consensus, soit l’égalité homme-femme, la démocratie, le respect de l’orientation sexuelle d’un individu.

La liberté d’expression des uns s’arrête là où celle des autres commence, dit-on. Les plus hauts tribunaux ont d’ailleurs balisé ce principe en faisant des propos haineux la ligne à ne pas franchir. La glace est donc mince. La proposition de François Legault présente bien des défis. Sa mise en application pourrait s’avérer complexe.

Elle a pourtant le mérite de cadrer le débat. En Grèce antique, la démocratie reposait sur trois principes : l’égalité devant la loi, la liberté d’expression et le droit et le devoir de participer aux instances. Aujourd’hui, on se demande comment baliser un de ces principes pour protéger l’autre. Il faut toutefois s’y risquer. Aller voir vers quoi cela peut nous mener pour enfin trouver un encadrement possible.

La CAQ soulève également une question qui mérite un véritable débat. Pourquoi offrir des avantages fiscaux aux organismes religieux prêchant et enseignant des principes qui vont à l’encontre de ces valeurs québécoises? Le gouvernement Couillard cherche des endroits où couper. Voilà un très bon endroit!

En faisant sa proposition, la Coalition avenir Québec joue son rôle d’opposition constructive. Elle met en évidence le syndrome de la page blanche auquel le gouvernement semble confronté. Aujourd’hui, Philippe Couillard peut tout repousser du revers de la main ou saisir l’occasion d’établir un dialogue non partisan avec l’opposition. Ce serait faire preuve de leadership…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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