Éviter le mur

Photo: MSDL Architectes

J’avoue avoir été surpris, la semaine dernière, par le dévoilement des images de la tour résidentielle que le promoteur Rachel Julien désire ériger à un jet de pierre de la station de métro Saint-Laurent.

Surpris non pas par son architecture, chapeautée par MSDL Architectes (YUL, Maison du développement durable, Maison des étudiants de l’ÉTS…), mais par l’ampleur de ce projet immobilier baptisé Laurent & Clark.

Ce dernier s’articule autour de deux tours de 20 et 25 étages, unies à leur base par un basilaire, dans un secteur où les plus hauts édifices comptent à peine une dizaine d’étages. La différence d’échelle avec le voisinage est donc significative.

Mais il faudra de toute évidence s’habituer à voir apparaître de telles constructions verticales à l’est de la Place des Arts. En observant la plus récente version du plan d’urbanisme de la Ville de Montréal, on réalise que la construction de tours de 80 mètres de hauteur [soit plus ou moins 25 étages] est favorisée sur les quatre terrains adjacents à l’intersection des boulevards de Maisonneuve et Saint-Laurent. La Ville souhaite ainsi densifier les environs de la Main, particulièrement à l’entrée du Quartier des spectacles, avec des projets qui permettront de faire vivre le secteur jour et nuit. On veut éviter que le centre-ville entre en dormance après les heures de bureau, comme c’est le cas dans de nombreuses villes nord-américaines.

En ce moment, le seul projet qui est véritablement sur les rails pour cette intersection est celui de la tour Laurent & Clark. En revanche, l’UQAM aurait toujours un œil sur le terrain de l’édicule du métro Saint-Laurent pour une extension de sa Faculté des arts, et, selon une rumeur persistante, un projet résidentiel locatif serait en préparation juste à côté de la future esplanade Clark.

MAISON_01 - Laurent & Clark_c100

Les architectes ont divisé la construction en deux phases, ce qui permettrade bâtir deux volumes distincts sur les plans architectural et chromatique.

Mais quels que soient les développements immobiliers qui tenteront de s’implanter à cette intersection, le défi sera de taille ces prochaines années pour concilier les diverses échelles du voisinage. Promoteurs et architectes devront éviter les projets massifs et oppressants, qui ne feraient que créer des murs à cette entrée du pôle central du Quartier des spectacles. Il faut à tout prix conserver une échelle humaine dans le secteur afin d’assurer une cohérence avec le patrimoine bâti et une harmonie avec les places publiques adjacentes.

On sent d’ailleurs une telle volonté dans la nouvelle tour proposée par Rachel Julien. Les architectes ont divisé sa construction en deux phases, ce qui permettra de bâtir deux volumes distincts sur les plans architectural et chromatique. «On veut apporter de la variété dans la trame urbaine, m’indiquait récemment l’architecte à la tête du dossier, Jean-Pierre LeTourneux. […] On n’occupera pas non plus tout le site, pour laisser de l’espace à des places publiques au sol, comme des terrasses, le long du boulevard de Maisonneuve. Ce sera une forme de prolongement du parterre du Quartier des spectacles.»

Pourra-t-on en espérer des efforts similaires des autres promoteurs qui relookent les terrains de cette intersection névralgique? Il faut l’espérer, si on veut éviter un environnement aussi rébarbatif que celui qui est en train de se façonner avec les tours ceinturant le Centre Bell.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.