Philippe Couillard a un je-ne-sais-quoi

Photo: Métro

Certaines comparaisons ne laissent rien présager de bon. Après deux années au pouvoir et en pleine tourmente causée par l’affaire Sam Hamad, le premier ministre Philippe Couillard et son gouvernement ressemblent de plus en plus à Paul Martin et au Parti libéral du Canada «post-scandale des commandites», estiment certains commentateurs dans la presse anglophone.

«Le purgatoire de 18 mois des libéraux sur les bancs de l’opposition […] semble avoir été insuffisant pour expier les péchés de l’ère Charest», a écrit cette semaine le chroniqueur du Globe & Mail Konrad Yakabuski, reprochant au Parti libéral du Québec (PLQ) de prendre le pouvoir pour acquis. D’où un parallèle (que certains espéreront sans doute prophétique) entre le premier ministre Couillard et les libéraux fédéraux du début des années 2000 :

«The impression that he has not sufficiently purged the ranks of his party could do to him what the sponsorship scandal did to [Paul] Martin.»

Traduction libre: «L’impression qu’il n’a pas suffisamment purgé les rangs de son parti pourrait lui faire ce que le scandale des commandites a fait à [Paul] Martin.»

On se souviendra que le premier ministre du Canada Paul Martin avait été chassé du pouvoir par les conservateurs en 2006. Les libéraux fédéraux ont ensuite dû croupir dans les rangs de l’opposition pendant près de dix ans avant de finalement revenir dans les bonnes grâces des électeurs.

Dans la Gazette, le chroniqueur Don MacPherson (qu’on ne peut accuser de porter dans son cœur les actuels partis d’opposition à l’Assemblée nationale) a dressé un constat similaire. «L’affaire Sam Hamad met en évidence le fait que le retour au pouvoir hâtif du PLQ il y a deux ans n’était peut-être pas la meilleure chose qui puisse arriver au parti, a-t-il souligné. Le retour de Robert Bourassa au poste de premier ministre après sa défaite de 1976 a pris neuf ans. Tout comme la réhabilitation du parti libéral fédéral après le scandale des commandites.»

Une éternité libérale… vraiment?
Malgré les écueils, le PLQ demeure en tête des sondages, et à en croire le bilan cinglant de la mi-mandat du gouvernement publié vendredi sur le site du Maclean’s, l’éternité sera libérale.

Le reporter politique Martin Patriquin dresse d’abord un portrait peu reluisant des «old, ugly habits» qui minent les troupes de Philippe Couillard. «L’esprit de l’ère Charest, aussi arrogant et teinté de corruption qu’il était, est toujours bien vivant au parti. En fait, cet esprit étouffe actuellement le gouvernement Couillard», juge-t-il.

Mais peut-on réellement reprocher à Philippe Couillard son apparente passivité face aux controverses? Le journaliste rappelle que même après avoir été forcés de lancer une commission d’enquête sur la corruption en pleine crise étudiante, les libéraux avaient presque remporté l’élection de 2012 et qu’ils pourraient bien gagner en 2018, peu importe le nombre de scandales, devant un Parti québécois (PQ) qui semble être son propre pire ennemi.

«In short, mediocrity is enough to win the day in Quebec politics.»

Traduction libre: «La médiocrité suffit pour l’emporter en politique québécoise.»

Une opinion partagée – en des termes moins lapidaires – par le columnist James Mennie de la Gazette dans un texte au titre sans équivoque: «Couillard’s midterm mess: Believe it or not, this, too, shall pass» («Le dégât de mi-mandat de Couillard: Croyez-le ou non, ça aussi, ça va passer»).

Tous ne sont pourtant pas convaincus que le PLQ restera au pouvoir pour les siècles des siècles. Pour Don MacPherson, les scandales entachant les libéraux sont comme «Noël en avril» pour François Legault et la Coalition avenir Québec.

Le Globe & Mail, de son côté, envisage un coup de poker péquiste. Si le chef du PQ Pierre Karl Péladeau acceptait en 2018 de repousser la tenue d’un référendum, la victoire lui serait acquise, selon le chroniqueur Konrad Yakabuski. «M. Péladeau a un as dans sa manche en vue des prochaines élections. Ses convictions indépendantistes sont assez fortes pour qu’il puisse promettre de ne pas tenir de référendum sur la souveraineté […] sans que la base du parti ne se rebelle. M. Couillard doit prier pour que [M. Péladeau] ne joue pas cette carte.»

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