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Québec nie la détérioration des conditions de vie à la prison Leclerc

Sur les 175 femmes détenues à la prison Leclerc, environ 60% d’entre elles y sont pour des crimes mineurs. Photo: Marie-Ève Shaffer/Métro

Le gouvernement du Québec a nié, mercredi, que les conditions de vie des détenues à la prison Leclerc sont déplorables, contrairement à ce que soutient une coalition de groupes de défense pour les droits des femmes.

Infestations de punaises de lit et de souris, chauffage souvent déficient, eau stagnante impropre à la consommation: les conditions de vie des détenues à la prison Leclerc se sont détériorées à un niveau alarmant depuis l’automne, selon la Coalition d’action et de surveillance sur l’incarcération des femmes du Québec (CASIFQ), qui comprend notamment la Ligue des droits et libertés, la Fédération des femmes du Québec et le Centre des femmes de Laval.

L’établissement situé à Laval est tellement dans un sale état que les femmes doivent être déplacées d’urgence, juge la porte-parole de la Ligue, Lucie Lemonde.

«C’est pas compliqué, tout est fucké! lance Mme Lemonde, s’exprimant sans ambages au bout du fil. On entend qu’il y a une infestation de punaises de lits. Le chauffage est la plupart du temps déficient, des fois carrément hors d’usage. Les femmes sont obligées de dormir avec leur manteau d’hiver sur le dos. Il y a de l’eau stagnante, elle n’est plus potable. Il parait qu’elle coule brun», expose celle qui est aussi professeure de droit spécialisée en droit carcéral.

À Québec, le ministère de la Sécurité publique (MSP) rétorque que la situation s’est améliorée depuis que les femmes ont été transférées de la Maison Tanguay, fermée en janvier 2016.

«Les conditions d’incarcération de la clientèle féminine et l’accès aux programmes, services et activités ont été grandement améliorés et même bonifiés sur plusieurs aspects par rapport à ce qui était offert à l’Établissement de détention Maison Tanguay» soutient une porte-parole du MSP. Celle-ci ajoute que le ministère poursuit ses efforts pour continuer à améliorer la situation et pour apporter des correctifs «le cas échéant».

Une réponse qui laisse Lucie Lemonde sceptique. «Je ne pense pas que [le MSP] soit au courant de la situation actuelle pour répondre cela. Nier en bloc, avec tous les éléments qu’on a et qui proviennent de diverses sources, montre qu’il y a quelque chose qui ne colle pas dans leur réaction.»

La CASIFQ demande à rencontrer les nouvelles ministres de la Sécurité publique et de la Justice, Geneviève Guilbault et Sonia LeBel, dans les plus brefs délais. «Ce qu’on demande, c’est de trouver une solution pour sortir les femmes de là, c’est urgent», a déclaré Mme Lemonde.

La coalition a aussi réclamé une enquête d’urgence à la Protectrice du citoyen, qui a justement dénoncé des conditions de détention inacceptables dans son rapport annuel 2017-2018.

La cause a aussi été portée à l’attention de l’ONU. La coalition a transmis ses observations au Comité contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants.

Un bâtiment vétuste
Les problèmes de l’établissement Leclerc ne datent pas d’hier. Avant d’être utilisée par Québec, la prison appartenait au gouvernement fédéral, logeait des hommes et était à sécurité maximale. En 2012, le gouvernement Harper ferme la prison, la jugeant vétuste.

Deux ans plus tard, en 2014, le gouvernement du Québec signe un bail de 10 ans pour louer l’établissement, au coût de 1M$ par année, pour pallier la surpopulation des prisons pour hommes de la région de Montréal, comme celle de Bordeaux, dans Ahuntsic-Cartierville.

La fermeture de la Maison Tanguay en janvier 2016, un établissement pour femmes situé juste à côté de Bordeaux, oblige le transfert des détenues à Leclerc. Après des plaintes et des démarches par la Ligue des droits et libertés et la Fédération des femmes du Québec auprès du ministre de la Sécurité publique de l’époque, Martin Coiteux, seules les femmes demeurent dans l’établissement.

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