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Transferts: Barrette maintient la pression

Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — La table est mise pour une confrontation entre le gouvernement de Justin Trudeau et les provinces, au premier chef le Québec, sur les montants versés par Ottawa pour la santé des Canadiens.

Des milliards de dollars sont en jeu.

Le Québec continue à maintenir la pression sur Ottawa, pour que le gouvernement fédéral renonce à son projet de couper de moitié l’augmentation annuelle des sommes versées.

Car Ottawa, contrairement aux gouvernements provinciaux, dispose de la marge de manoeuvre nécessaire pour financer correctement les soins de santé au Québec et dans les autres provinces, a fait valoir lundi le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

«C’est le gouvernement fédéral qui a la marge de manoeuvre» financière, a martelé le ministre Barrette, qui multiplie depuis des semaines les sorties publiques pour réclamer du gouvernement fédéral un financement considérablement accru des transferts en santé, et ce, sans conditions, une autre pomme de discorde entre Ottawa et Québec.

Avec ses homologues des autres provinces, M. Barrette participe jusqu’à mardi à Toronto à une rencontre fédérale-provinciale visant précisément à faire avancer le dossier controversé du financement de la santé.

Il s’attend à ce que les provinces fassent front commun, devant la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpot, qui viendra rencontrer ses homologues mardi.

Québec demande à Ottawa un ajout annuel de 6 pour cent des transferts fédéraux, comme c’est le cas actuellement, tandis que le gouvernement Trudeau veut fixer la hausse à 3 pour cent, une hérésie selon le ministre Barrette.

Ce dernier estime que le gouvernement fédéral ne peut pas se défiler ainsi, alors que la population vieillit et que deux défis majeurs se posent au réseau: développer les services de maintien à domicile et assurer de meilleurs soins de santé mentale.

«Juste au Québec, si on avait à donner des services à la hauteur requise, il faudrait augmenter le budget de la santé de 10 pour cent, presque 15 pour cent, c’est énorme», a calculé M. Barrette.

Aussi, le gouvernement fédéral s’apprête à commettre une erreur s’il n’obtempère pas aux demandes légitimes du Québec et des autres provinces, a fait valoir le ministre Barrette, lors d’une mêlée de presse, en précisant que ses homologues l’appuyaient dans sa croisade.

Présent à la rencontre, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a renchéri pour dire que le temps pressait, car Québec s’apprête à jeter les bases de son prochain budget, attendu au printemps, et doit savoir à quoi s’en tenir «rapidement».

Chose certaine, le niveau actuel de services de santé ne pourra pas être maintenu avec une augmentation annuelle de seulement 3 pour cent des transferts, a prévenu M. Leitao.

En conférence de presse, la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, n’a pas bronché, malgré les exhortations en provenance du Québec.

Les provinces devront rendre des comptes, car Ottawa doit s’assurer que l’argent investi sert bel et bien à donner aux Canadiens «de meilleurs soins de santé», a-t-elle déclaré. Mme Philpott s’est engagée notamment à investir 3 milliards $ en quatre ans dans les services de maintien à domicile.

Le ministre Barrette n’a pas tardé à réagir pour conclure qu’Ottawa s’apprêtait à annoncer une réduction des services de santé à la population.

Dans ce dossier, entre Ottawa et Québec, on assiste à un dialogue de sourds. La ministre Philpott dit vouloir améliorer la qualité des services de santé offerts à la population, et répugne à parler d’argent, tandis que le ministre Barrette dit qu’on ne peut pas parler d’améliorer les services si on ne sait pas combien d’argent on aura à investir.

Dans un communiqué conjoint, les ministres provinciaux de la Santé et des Finances du pays ont cherché à gagner du temps. Ils demandent à Ottawa de remettre à plus tard la révision à la baisse des transferts en santé, le temps que le premier ministre Justin Trudeau et ses homologues provinciaux puissent discuter de la question et conclure une entente.

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