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Les jeunes consomment de façon plus responsable

Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les jeunes de la génération millénaire sont plus nombreux que leurs aînés à consommer des produits en tenant compte de leurs empreintes sociale et écologique, selon un nouveau rapport de l’Observatoire de la consommation responsable.

Le groupe de recherche affilié à l’École des sciences de gestion (ESG) de l’Université du Québec à Montréal a publié mercredi le Baromètre 2016 de la consommation responsable, qui rend compte de l’intérêt accru des jeunes pour la consommation responsable.

Les répondants de 18 à 24 ans seraient plus nombreux à diminuer leurs achats et à opter pour le transport durable et pour la consommation collaborative — qui consiste à prêter, louer, partager et échanger des biens entre les consommateurs comme la plateforme d’hébergement Airbnb ou le service de covoiturage Uber, par exemple.

«Leurs comportements sont très spécifiques, ils sont dans des comportements tels que la déconsommation, le transport durable ou la consommation collaborative qui pourraient être situationnels par rapport à leur génération», a exposé Fabien Durif, le directeur de l’observatoire.

«Chez les jeunes, c’est beaucoup des comportements subits. Ce n’est sûrement pas de façon extrêmement volontaire qu’on va vers la déconsommation, qu’on va vers le transport durable», a-t-il ajouté.

En revanche, les citoyens de 25 à 44 ans étaient en première position pour le compostage, tandis que les répondants de 65 ans et plus étaient ceux qui recyclaient davantage et qui consommaient le plus de produits locaux. Enfin, les Québécois de 45 à 64 ans étaient en deuxième place pour l’achat local, le recyclage et le compostage.

«Les 65 ans et plus, ce sont des comportements (face) aux achats et qui demandent plus d’engagement, comme le recyclage», a soutenu M. Durif.

Les chercheurs en sont venus à cette conclusion avec l’Indice de consommation responsable (ICR), qui a été calculé à partir d’un sondage mené auprès d’un panel web de 1005 répondants entre le 12 et le 25 septembre 2016. Comme il s’agit d’un sondage mené en ligne, la marge d’erreur ne s’applique pas. La moyenne de l’ensemble des données a été ramenée sur 100 pour donner un indice qui peut se comparer à ceux des années précédentes.

Selon les résultats, les jeunes de 18 à 24 ans présentent un ICR de 67,6 par rapport à 65,3 pour les répondants de 25 à 44 ans et 65,9 pour ceux de 45 à 65 ans. Les Québécois de 65 ans et plus prennent le deuxième rang de la consommation responsable, avec un indice de 66,7 pour cent.

«Il y aurait ces extrêmes-là. Il va falloir voir dans les cinq, six prochaines années si ça continue à avoir cette tendance-là», a précisé M. Durif.

Un an plus tôt, le baromètre présentait un tout autre portrait. Les Québécois de 45 ans et plus étaient les consommateurs les plus conscientisés, suivis par les répondants de 25 à 44 ans. Les jeunes de 18 à 25 ans étaient les consommateurs les moins responsables, selon le baromètre 2015.

«Une piste possible pourrait être liée aux efforts de sensibilisation face aux problèmes environnementaux effectués dans les écoles primaires et secondaires qui commenceraient à porter fruit», notent les spécialistes dans le rapport.

Une autre conclusion importante du rapport, selon M. Durif, sont les différences liées au revenu. Selon les résultats, ce sont les Québécois les moins nantis et les plus nantis qui adoptent le plus ces comportements responsables.

«D’un côté, les ménages avec les revenus plus élevés s’avèrent les plus actifs dans les pratiques de protection de l’environnement, de consommation locale et de compostage. De l’autre, les ménages avec les revenus les plus faibles sont les plus impliqués dans les pratiques de protection des animaux, de transport durable et de consommation citoyenne», est-il écrit dans le rapport.

En général, les Québécois affichent un indice de consommation responsable plus élevé que les années dernières. Alors qu’en 2010, l’indice était de 64, il s’élevait à 66,1 en 2016.

Le document souligne que les consommateurs sont de plus en plus ouverts à l’achat local, aux voitures électriques et à la consommation collaborative. Toutefois, ils demeurent peu nombreux à considérer les impacts sociaux et écologiques de leur habitation ou de leurs choix touristiques.

Difficile de comparer les pratiques des Québécois avec celles des Canadiens ou celles des citoyens de l’étranger, puisque l’Observatoire de la consommation responsable est le seul à utiliser cet indice.

«En 2012, on avait importé notre indice en Ontario, et l’Ontario « scorait » beaucoup plus fort. (…) Moi je fais l’hypothèse que les provinces de l’Est « scorent » beaucoup moins sur les pratiques responsables que les provinces de l’Ouest», a conclu M. Durif.

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Indice de consommation responsable des Québécois entre 2010 et 2016:

2010: 64

2011: 62,4

2012: 62,3

2013: 65,9

2014: 65,1

2015: 65,9

2016: 66,1

Scores de l’Indice de consommation responsable, point par point (2016):

Recyclage (le répondant dit avoir recyclé plusieurs matériaux): 88,0; en hausse de 1,4 point depuis 2010

Déconsommation (le répondant dit avoir diminué sa consommation): 72,6; en hausse de 5,4 points

Consommation locale (le répondant dit avoir privilégié les produits locaux): 71,3; en hausse de 2,2 points

Protection des animaux (le répondant dit avoir renoncé à acheter des produits à base d’animaux en voie d’extinction): 70,9; en hausse de 4,4 points

Protection de l’environnement (le répondant dit avoir pris en compte l’empreinte écologique en achetant son produit): 69; en hausse de 1,3 point

Consommation citoyenne (le répondant dit avoir acheté des produits équitables et provenant d’entreprises responsables): 60,9; en hausse de 0,5 point

Compostage (le répondant dit avoir composté plusieurs matériaux): 49,8; en hausse de 5,9 points

Transport durable (le répondant dit avoir pris les transports en commun pour ses déplacements): 48,1; en hausse de 2,6 points

Consommation collaborative (le répondant dit avoir utilisé des plateformes de partage pour certains services): 33,2; en hausse de 2,9 points depuis 2015

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