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SRC: Bernier veut plus de docus, moins de sport

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Moins d’émissions de cuisine et de sport, moins de pâles imitations d’émissions populaires américaines: le candidat à la direction du Parti conservateur Maxime Bernier veut que Radio-Canada se «recentre» sur son rôle de diffuseur public.

La société d’État doit se coller à ce que stipule son mandat, notamment en revoyant à la hausse son offre d’émissions d’affaires publiques, a-t-il soutenu en conférence de presse au parlement, mercredi.

Car «les Canadiens sont reconnus pour être ignorants de leur propre histoire», et le diffuseur public devrait les «faire réfléchir» davantage en proposant «plus de documentaires de qualité, plus d’émissions sur la science, l’histoire ou la religion», a plaidé M. Bernier.

En somme, la SRC «devrait cesser de faire les trois quarts de ce qu’elle fait et que tout radiodiffuseur privé peut faire, et se concentrer sur ce qu’elle seule peut faire», d’après le député de Beauce.

Le candidat à la chefferie propose par ailleurs de modifier la Loi sur la radiodiffusion pour faire sortir le diffuseur public du marché de la publicité. Il voit Radio-Canada suivre le modèle de PBS ou NPR, aux États-Unis, qui sont partiellement financés par des dons de téléspectateurs et de fondations.

«Ça se fait partout ailleurs dans le monde, et je pense que Radio-Canada doit être capable de compenser les revenus publicitaires (environ 250 millions $ par année) qu’ils vont perdre en utilisant un autre modèle», a offert Maxime Bernier.

Cela mettrait fin à ce qu’il a qualifié de «concurrence déloyale avec les autres médias» et assurerait une programmation de plus haute qualité, car la société d’État cesserait de chercher à «obtenir constamment des cotes d’écoute plus élevées pour vendre de l’espace publicitaire», selon lui.

Sur le plan du financement, un gouvernement conservateur dirigé par Maxime Bernier annulerait les 150 millions $ supplémentaires annuels annoncés par le gouvernement actuel, ce qui ramènerait le financement public à environ 1 milliard $, a annoncé le candidat.

Le député ne voit pas d’inadéquation entre sa proposition de réclamer, d’un côté, davantage de documentaires et d’émissions journalistiques de qualité — qui sont plus dispendieuses à produire que des émissions de cuisine — et, de l’autre, de couper dans le financement.

«Je leur donne la possibilité, avec le modèle PBS, d’amasser plus d’argent, a-t-il argué. Et je leur dis: amenez-moi votre plan stratégique et on va regarder, puisque je suis conscient qu’il y a un coût à produire des émissions d’affaires publiques et des grands reportages.»

La ministre responsable de Radio-Canada, Mélanie Joly, ne s’est pas fait prier pour réagir à l’annonce de Maxime Bernier et rappeler au passage le réinvestissement de 675 millions $ sur cinq ans confirmé dans le budget inaugural du gouvernement Trudeau.

«C’est le retour des coupes conservatrices à Radio-Canada. Ça, ça me semble évident», a-t-elle tranché à la sortie de la période des questions, refusant toutefois de se prononcer sur la pertinence du contenu actuellement offert par le diffuseur public.

Dans le camp conservateur, l’un des rivaux de Maxime Bernier dans la course à la direction, le Saskatchewanais Brad Trost, a descendu en flammes la proposition de son adversaire et renouvelé son appel à la privatisation de la société d’État.

«Un lifting et de nouveaux habits ne changeront rien», a-t-il écrit dans un courriel envoyé à ses partisans. «Peut-être Maxime ne réalise-t-il pas que PBS est le plus gauchiste et le plus élitiste de tous les radiodiffuseurs au sud de la frontière», a pesté M. Trost.

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