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Bois d'oeuvre: début des hostilités commerciales

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Après un peu plus de dix ans de paix commerciale, la guerre entre les États-Unis et le Canada dans le dossier du bois d’oeuvre semble sur le point de reprendre.

Le bureau de la ministre fédérale du Commerce international, Chrystia Freeland, a confirmé jeudi ce à quoi tous s’attendaient depuis l’expiration du moratoire sur le bois d’oeuvre résineux, il y a un peu plus d’un mois.

Ainsi, «la coalition américaine sur le bois d’œuvre a l’intention de présenter, vendredi, une requête auprès du département du Commerce des États-Unis réclamant une enquête», est-il précisé dans la déclaration écrite transmise en début de soirée.

Mais le Canada est «prêt à toute éventualité», et le gouvernement fédéral «défendra avec vigueur les intérêts des travailleurs et des producteurs canadiens» du secteur du bois d’oeuvre résineux, a indiqué le bureau de Mme Freeland.

Et il faut garder en tête que dans le passé, «nos travailleurs et producteurs de bois n’ont jamais été en faute» et que «les organismes internationaux se sont toujours rangés du côté de notre industrie», a signalé le cabinet de la ministre.

La période de grâce d’un an que s’étaient accordée les deux parties après l’expiration de l’accord canado-américain sur le bois d’oeuvre a pris fin le 12 octobre dernier, ouvrant la porte à l’imposition de tarifs douaniers sur les produits canadiens par les autorités américaines.

Les négociations se sont poursuivies en marge du sommet de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique (APEC) qui se tenait la semaine dernière à Lima, au Pérou.

Pendant la période de questions en Chambre, jeudi, la ministre Freeland a affirmé qu’elle avait rencontré son vis-à-vis américain, Michael Froman, et que le premier ministre Justin Trudeau avait également soulevé la question auprès du président Barack Obama.

Mais force est de constater qu’à l’heure actuelle, «l’industrie américaine n’est pas au rendez-vous» et que «le climat protectionniste aux États-Unis complique toute négociation commerciale, y compris celle-ci», a souligné le bureau de Chrystia Freeland.

Des garanties de prêt réclamées

En matinée, des élus du Bloc québécois et du Parti québécois ont organisé une conférence de presse commune au parlement d’Ottawa pour exhorter le gouvernement fédéral à offrir «immédiatement» des garanties de prêt à l’industrie du bois d’oeuvre résineux.

Le Québec, qui s’est doté d’un nouveau régime forestier, ne devrait pas faire les frais d’une nouvelle guerre commerciale, ont-ils insisté.

«Personne au Québec ne veut d’une nouvelle entente ruineuse. Il n’y a aucune raison pour que le Québec accepte des quotas ou des tarifs. On ne peut pas se le permettre», a martelé le chef du Bloc québécois, Rhéal Fortin.

À ses côtés, le porte-parole péquiste en matière de forêt, Sylvain Roy, a soutenu que le «Québec a fait ses devoirs pour répondre aux inquiétudes des Américains» en adoptant un nouveau régime forestier qui répond aux critères du libre-marché.

Il a reproché au gouvernement de Philippe Couillard de n’avoir «pas fait ses devoirs» pour faire reconnaître le régime forestier du Québec par Ottawa, en plus d’avoir été «laxiste» en désignant comme négociateur dans ce dossier Raymond Chrétien «à la fin de la trêve».

Pendant ce temps, à l’Assemblée nationale, le ministre des Forêts, Luc Blanchette, n’a pas écarté la possibilité que le gouvernement québécois puisse réclamer une indemnisation au gouvernement fédéral.

«Ça, ce serait une des mesures intéressantes aussi à regarder», a-t-il dit en mêlée de presse, disant avoir fait une croix sur l’éventualité qu’une entente soit conclue sous l’administration Obama d’ici à l’entrée en fonction du président désigné Donald Trump, le 20 janvier prochain.

De retour à Ottawa, au Nouveau Parti démocratique, on a dit toujours entretenir cet espoir.

«Il y a encore du temps pour en arriver à une entente. Et j’ose espérer que toutes les modifications qui ont été faites, entre autres, au régime forestier du Québec, sont un incitatif à permettre un règlement hâtif», a exposé le député néo-démocrate Robert Aubin.

«On n’est pas utopiques non plus, on reconnaît les difficultés, mais il ne faudrait pas sous-estimer le fait que l’administration Obama est encore en place pour quelques mois», a-t-il ajouté.

Chez les conservateurs, on estime que le gouvernement libéral n’a tout simplement pas déployé les efforts nécessaires à la conclusion d’une entente avec les Américains dans le dossier du bois d’oeuvre.

«Avec les échos qu’on a de ce qu’a été la position du Canada dans ce dossier-là, on n’a pas été très impressionnés. On n’a pas été très, très agressifs à cette table-là selon les échos qu’on a des différents partenaires», a suggéré le chef adjoint de la formation, Denis Lebel.

Le gouvernement fédéral dit avoir l’intention de poursuivre les négociations. La ministre Chrystia Freeland a cependant déclaré à plusieurs reprises qu’elle ne signerait qu’un «bon accord» et non pas «n’importe quel accord».

Sur le front québécois, le négociateur Raymond Chrétien se rendra aux États-Unis du 5 au 8 décembre pour rencontrer les représentants américains et «défendre les intérêts du Québec», selon ce qu’a affirmé au Salon bleu la ministre de l’Économie, Dominique Anglade.

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