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Climat: les stations de ski sont menacées

Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Durement affectées par les températures désastreuses des années dernières, les stations de ski doivent investir davantage en moyens techniques et diversifier leur offre pour mieux faire face aux conséquences des changements climatiques, selon un spécialiste du tourisme, qui interpelle aussi le gouvernement pour venir en aide à ce secteur générant des retombées économiques de centaines de millions de dollars chaque année.

En 2015-2016, les variations importantes de températures en hiver ont plombé le milieu du ski, qui a connu sa pire saison des 25 dernières années, enregistrant une baisse de l’achalandage de 12,5 pour cent par rapport à l’année précédente, indique un organisme scientifique spécialisé sur l’adaptation aux changements climatiques. Dans les Cantons-de-l’Est, la baisse de fréquentation s’est même chiffrée à 30 pour cent.

Selon le consortium Ouranos, le secteur du ski engendre plus de 800 millions de $ de retombées au Québec, en plus d’être à l’origine de 12 000 emplois à temps plein.

C’est le moteur économique numéro un du secteur du loisir et du tourisme en hiver, souligne Michel Archambault, professeur émérite en tourisme et fondateur de la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

L’expert estime que si rien n’est fait pour remédier aux problèmes vécus par les stations de ski, la fréquentation continuera de baisser, le chiffre d’affaires diminuera et même que certaines d’entre elles pourraient être forcées de fermer boutique.

M. Archambault croit que les stations devraient d’abord investir pour mettre au point des moyens techniques capables de fabriquer de la neige à plus haute température. Il y a dix à quinze ans, les machines pouvaient fabriquer de la neige seulement quand le mercure oscillait entre moins 5 degrés et moins 8 degrés Celcius. Maintenant, elles peuvent y arriver lorsqu’il fait de zéro à moins 2 degrés Celcius.

Or, pour investir, il faut de l’argent, et si elles ne disposent pas des ressources nécessaires, elles ne pourront pas le faire. C’est pourquoi M. Archambault interpelle le gouvernement du Québec pour qu’il offre des incitatifs fiscaux aux stations et qu’il intervienne pour réduire les coûts en électricité qu’elles paient plus plus que leurs concurrents en Ontario et dans le nord-est des États-Unis.

Le gouvernement québécois avait mis de l’avant un programme similaire avec la culture des serres, qui ont bénéficié d’un tarif d’électricité préférentiel, a relevé M. Archambault.

«(Le secteur du ski) génère des retombées pour les restaurants, les hôtels et les fournisseurs de service. On devrait s’asseoir pour trouver des formules incitatives pour que l’investissement soit présent et qu’on sauvegarde ou crée de nouveaux emplois», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, pour augmenter leurs revenus, les stations de ski devraient aussi diversifier leur offre en hiver et en été pour satisfaire les consommateurs qui ne pratiquent pas ce sport, suggère l’expert.

«Il faut intéresser les gens à se déplacer pour aller à la montagne. On retrouve le ski, mais on peut retrouver dans plusieurs stations des éléments comme le ski de fond, la raquette, la glissade sur tube et il y a même des stations qui offrent des sentiers pour patiner, du curling», a expliqué M. Archambault.

Ce ne sont pas toutes les stations de ski qui sont affectées également par les changements climatiques. Ainsi, la grande région de Québec a été l’une des seules régions à enregistrer une hausse de l’achalandage, tandis que le Saguenay-Lac-Saint-Jean et le Bas-du-Fleuve ont connu d’assez bons résultats, selon les données colligées par le spécialiste.

Face à ce nouveau contexte, le Québec est à risque, prévient M. Archambault, mais il l’est moins que l’Ontario et le nord-est des États-Unis, ce qui pourrait ironiquement avantager la province.

Les stations du Québec pourraient attirer des skieurs d’autres régions. «Je ne dis pas que les skieurs de l’Ouest américain vont venir ici, mais ceux de la région de Boston, de Washington, de New York, on est connu quand même par un historique», a-t-il indiqué.

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