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«Lock her up»: Alexander ne condamne pas les propos

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le candidat à la chefferie conservatrice Chris Alexander «désapprouve» le slogan «Lock her up», mais ne condamne pas ceux qui l’ont scandé dans un rassemblement contre la première ministre albertaine Rachel Notley.

L’ancien ministre de l’Immigration a soutenu lundi qu’il avait été «déçu» d’entendre de ce côté-ci de la frontière cette expression que les partisans de Donald Trump criaient dans les rassemblements du candidat républicain pour dénigrer sa rivale démocrate, Hillary Clinton.

«Ce n’est pas normal. Et je désapprouve (ce slogan) qui a une connotation sexiste, violente, illégale et inappropriée à tous les égards», a-t-il insisté en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne depuis Toronto.

Il n’est toutefois pas allé jusqu’à condamner les gens qui ont scandé cette phrase, faisant valoir que l’élan s’étant emparé de la foule massée devant l’Assemblée législative de l’Alberta, à Edmonton, était le reflet de la «colère» et de la «frustration» d’une partie de la population.

Et il faut selon lui «arrêter de dire aux gens comment se sentir» et «ce qu’ils doivent dire» si on veut éviter que le Canada continue à résister aux mouvements populistes qui ont mené au Brexit ou encore à l’élection de Donald Trump comme président des États-Unis.

«On est à l’écart de ces dynamiques jusqu’à présent, mais si on arrête de s’écouter (…) la situation va empirer, la colère va monter, et moi je ne souhaiterais pas que ça se passe au Canada», a plaidé l’ancien député d’Ajax.

«Moi, je vais continuer à rester poli, à écouter tout le monde, même ceux et celles qui ont des vues un peu plus extrêmes et fortes que les miennes», a promis Chris Alexander à l’autre bout du fil.

«Totalement inapproprié»

Du côté d’Ottawa, la leader intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, s’est élevée contre l’emploi du slogan importé des États-Unis. «Je ne sais pas quoi dire de ces gens qui ont agi comme des idiots», a-t-elle persiflé en mêlée de presse avant la période des questions.

«En plus de manquer d’originalité, c’est totalement inapproprié. Au Canada, on n’emprisonne pas les gens pour des mauvaises politiques. On les chasse du pouvoir», a fait remarquer Mme Ambrose.

La ministre de la Condition féminine, Patty Hajdu, a pour sa part critiqué lundi l’inaction de Chris Alexander, allant jusqu’à accuser celui-ci d’avoir «incité à la violence» à l’endroit de la première ministre néo-démocrate de l’Alberta.

Mme Hajdu lui a également reproché de n’avoir «pas réellement condamné ce comportement d’une nature violente» qui n’est pas «représentatif de notre démocratie» alors même qu’on «tente d’attirer plus de femmes en politique».

Le candidat à la direction du Parti conservateur a tenu à souligner qu’il avait tenté de faire diversion en incitant les manifestants à dire «Vote her out» («Chassons-la du pouvoir») plutôt que «Lock her up» («Mettons-la en prison»).

«Tout de suite, j’ai tourné mon discours vers le bureau de scrutin, vers l’importance de nos votes (ce passage ne figure pas dans la vidéo qui a circulé en ligne). J’ai été surpris, je ne m’attendais pas à ce que ce slogan soit utilisé», s’est défendu M. Alexander.

Les partisans du magnat de l’immobilier devenu président désigné scandaient le slogan «Lock her up» alors que Mme Clinton était empêtrée dans le scandale des courriels ayant transité par son serveur privé. Le FBI a fait enquête sur cette affaire mais n’a déposé aucune accusation.

Le slogan été recyclé samedi en Alberta lors d’une manifestation contre les politiques fiscales et environnementales de la première ministre Notley organisée par Rebel Media, un média électronique de droite. On ignore pour quelle raison précise son emprisonnement était réclamé.

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