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Commissaire à l'éthique: Yvon Nadeau blanchi

Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Comme l’avait fait la veille le Commissaire au lobbyisme, le Commissaire à l’éthique a blanchi Yvon Nadeau, cet ex-conseiller du ministre Laurent Lessard qui faisait l’objet d’allégations de conflits d’intérêts, mercredi.

Du même coup, il innocente le ministre Laurent Lessard.

Le Commissaire à l’éthique, Jacques Saint-Laurent, a déposé un rapport étoffé de 58 pages, examinant dans le moindre détail les liens entre les fonctions de M. Nadeau comme attaché politique du ministre Lessard et ses fonctions à la tête de diverses entreprises, certaines étant en relation d’affaires avec le gouvernement.

Le rapport du Commissaire au lobbyisme rendu public la veille ne comptait que sept pages. Lui aussi concluait que M. Nadeau n’avait enfreint aucun règlement.

La critique péquiste sur les questions éthiques, la députée de Taschereau Agnès Maltais, a affiché sa déception, voyant dans ce rapport un aveu d’impuissance. Elle conclut que le chien de garde de l’éthique des parlementaires n’a pas les moyens requis pour remplir adéquatement son mandat.

«Il dit lui-même qu’il n’a pas les outils qu’il faut», a estimé la députée en point de presse, en se disant «soufflée» par le contenu du rapport et l’absence de blâme et de recommandations.

Mme Maltais estime que le commissaire aurait dû, à tout le moins, formuler une recommandation visant à éviter la confusion des rôles quand il s’agit du personnel politique.

«Le Commissaire à l’éthique est notre chien de garde, mais le chien de garde est au bout de sa corde», selon elle.

C’est elle qui, en septembre, avec le député caquiste de Borduas, Simon Jolin-Barrette, avait alerté le Commissaire à l’éthique pour qu’il intervienne dans le dossier et fasse toute la lumière sur la situation de M. Nadeau, afin de voir s’il y avait là un conflit d’intérêts ou apparence d’un conflit d’intérêts, ce qui aurait mis le ministre Lessard dans l’embarras.

Or, «la preuve établit que le ministre n’est pas intervenu» pour favoriser son ami à obtenir une subvention, écrit M. Saint-Laurent en conclusion de son rapport.

Le ministre Lessard a toujours affirmé n’avoir rien à se reprocher et avoir respecté les règles.

Malgré tout, le député caquiste Simon Jolin-Barrette estime que «le rapport est quand même inquiétant», car il soulève «des questions».

Il déplore que «le Commissaire à l’éthique n’a pas pu faire l’enquête sur l’ensemble (du dossier) parce qu’il est limité par certaines règles de sa loi constitutive, notamment (le fait) qu’il n’a pas juridiction sur M. Nadeau au-delà d’une année», a-t-il dit, en point de presse.

Ami personnel du ministre Lessard, Yvon Nadeau a été à son emploi à son bureau de député à Thetford Mines, de 2003 à 2013, puis de 2014 à 2015.

Mais tout en étant à l’emploi du ministre Lessard, M. Nadeau occupait en parallèle des postes de direction au sein des entreprises Pyrobiom Énergies et Innoltek.

Pyrobiom Énergies a reçu une subvention de 3 millions $ du gouvernement en 2015.

En plus de diriger Pyrobiom Énergies, M. Nadeau s’occupait notamment du développement des affaires et siégeait au conseil d’administration d’Innoltek, une entreprise qui cherchait à obtenir du gouvernement des avantages fiscaux. Innoltek, une entreprise issue d’Oléoteck, un centre de transfert de technologie affilié au Cégep de Thetford Mines, a reçu 5 millions $ du gouvernement en 2011.

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