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Les cours d’histoire défavoriseraient la femme

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Émilie Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les cours d’histoire et d’éthique et culture religieuse enseignés au primaire et au secondaire contribuent à défavoriser les femmes dans la société, conclut le Conseil du statut de la femme au terme d’une analyse des contenus éducatifs proposés.

Près de 400 enseignants ont répondu à un questionnaire au cours de cet exercice, le second de cette envergure à se pencher sur le rôle de l’éducation dans le sexisme ambiant depuis les années 1970.

Les «rares» fois où les femmes sont mentionnées dans les livres d’histoire, elles ne figurent qu’à l’arrière-plan et les descriptions associées au rôle qu’elles ont joué sont parfois truffées d’erreurs, relève la directrice de recherche et d’analyse du Conseil du statut de la femme, Hélène Charron, principale auteure de l’avis publié mercredi.

Par exemple, la période au cours de laquelle les femmes ont commencé à accéder au marché du travail est souvent identifiée comme étant les années 1960, note-t-elle. Or, plusieurs Québécoises travaillaient dans les usines depuis l’essor industriel, précise-t-elle.

En plus d’être «présentés de façon sporadique (et) dans des pages séparées», les noms de certains personnages historiques féminins sont parfois confondus les uns avec les autres, soutient Mme Charon. Elle cite en exemple Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et Marie-Gérin Lajoie —la mère et la fille— auxquelles on fait souvent référence de façon erronée quand on aborde le féminisme.

Du côté des cours d’éthique et de culture religieuse, leur mandat devrait être revu, plaide le Conseil, afin que ceux-ci sensibilisent les jeunes à la discrimination en milieu de travail et à la violence sexuelle. La portion religieuse de ce programme devrait être retirée pour plutôt figurer dans les cours d’histoire, réitère-t-on.

Un effet manifeste du déséquilibre des cours d’éthique est, selon la directrice de recherche, le fait que bien des jeunes filles sont toujours portées à opter pour des métiers traditionnellement exercés par des femmes.

«(Une révision du programme) leur permettrait de comprendre pourquoi les femmes continuent à avoir de la difficulté à accéder à l’espace politique, pourquoi il y a des inégalités dans le partage du travail domestique et (les emmènerait à) se diriger vers des métiers traditionnellement associés à l’autre sexe.»

Néanmoins, «un travail important» a été fait au niveau de l’enseignement du français et des mathématiques, souligne Mme Charron. Les mises en situation mettant en scène des femmes dans les manuels de ces matières ont grandement été améliorées, ajoute-t-elle, faisant du Québec «un chef de file» à ce chapitre.

Le Conseil met toutefois en lumière un bémol concernant ces matières: les attentes du corps professoral envers leurs élèves varient en fonction du sexe de ceux-ci.

Ainsi, 61 pour cent des enseignants et 62 pour cent des enseignantes s’attendraient à une meilleure performance des filles en français. Tant les enseignants que les enseignantes jugeraient que les garçons se démarquent en mathématiques.

Quoi qu’il en soit, Mme Charron se réjouit de constater que la grande majorité des intervenants consultés par le Conseil du statut de la femme s’entendent sur la nécessité d’intégrer «l’éducation à l’égalité et à la sexualité» dans le parcours scolaire.

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Les 10 recommandations du Conseil du statut de la femme:

– La formation d’un comité de travail mixte chargé de réviser le programme d’histoire de façon à mieux y intégrer les femmes

– Une révision du programme d’éthique et de culture religieuse, au primaire et au secondaire, de façon à y intégrer les notions d’ «éducation à l’égalité, à la citoyenneté et à la sexualité»

– Que le Programme de formation de l’école québécoise du gouvernement suggère une réflexion autour du choix de contenus culturels utilisés en classe «lorsqu’ils comprennent des représentations sexistes»

– L’envoi de documents, par le gouvernement, destinés aux éditeurs de manuels scolaires

– Que le mandat du Bureau d’approbation du matériel didactique soit renforcé, particulièrement en ce qui concerne les manuels d’histoire

– Incitatifs de la part du ministère de l’Éducation auprès des facultés d’éducation des universités québécoises en vue de l’implantation d’un cours obligatoire sur les inégalités de sexe et l’éducation à l’égalité «dans la formation des maîtres et celle destinée au personnel professionnel travaillant en milieu scolaire»

– L’inclusion d’une analyse différenciée selon les sexes dans les critères de financement, par le ministère de l’Éducation, des projets et des organismes agissant en persévérance scolaire

– Attention particulière du ministère de l’Éducation et des commissions scolaires pour la non-mixité suggérée par certaines concentrations scolaires «organisées autour d’activités investies traditionnellement par un sexe ou l’autre»

– Élargissement de la perspective d’action en milieu scolaire du Secrétariat à la condition féminine

– Lancement d’un chantier de travail sur les services de garde en milieu scolaire et les activités parascolaires à l’école pour l’élaboration «de nouvelles formes d’interventions pédagogiques pratiques visant la socialisation égalitaire des garçons et des filles»

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