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Bois d'oeuvre: Québec agira même sans Ottawa

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot
Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Québec s’engage à mettre sur pied au besoin un programme de garanties de prêt pour les entreprises touchées par le litige sur le bois d’oeuvre avec les États-Unis, même si le fédéral ne fait pas sa part.

Le premier ministre Philippe Couillard l’a confirmé jeudi, en réponse à une question du chef de l’opposition officielle Jean-François Lisée.

Le gouvernement Couillard s’était contenté jusqu’à maintenant de demander des prêts ou un programme de garanties de prêt au gouvernement Trudeau à Ottawa, mais il ne s’était pas engagé à agir unilatéralement en cas de réponse négative du fédéral.

Québec faisait plutôt valoir les efforts déjà consentis, notamment un fonds pour valorisation de 170 millions $ dont les critères ont été assouplis, ainsi que l’accent mis sur la diversification. La ministre de l’Économie, Dominique Anglade, et le ministre délégué à la Forêt, Luc Blanchette, avaient même écarté récemment la possibilité de garanties de prêt offertes par leur gouvernement.

Cependant, à la période de questions jeudi matin, le premier ministre a précisé que son gouvernement répondra présent, quelles que soient les conclusions de ses pourparlers avec Ottawa.

«Peut-il dire aujourd’hui que, quelle que soit la conclusion de ses discussions avec le fédéral, le Québec sera présent pour une garantie de prêt à la hauteur de ce qui est nécessaire? a demandé M. Lisée. Est-ce qu’il peut garantir ça pour qu’on ne perde pas 30 000 emplois comme la dernière fois?»

«Oui, on sera là à la hauteur requise pour les dommages réels constatés, et on verra s’il y a des dommages, et on espère qu’il y en aura peu», a répondu le chef libéral.

Le chef péquiste a par ailleurs tenté sans succès de savoir si son adversaire avait à tout le moins abordé l’enjeu du bois d’oeuvre avec Justin Trudeau lors de son plus récent tête-à-tête au Sommet de la Francophonie de Madagascar.

M. Couillard a répété que «ces conversations regardent les deux protagonistes de la conversation».

Rappelons que l’industrie américaine du bois d’oeuvre a entamé il y a près de deux semaines une nouvelle saga judiciaire, la cinquième en une vingtaine d’années, contre l’industrie canadienne, sous prétexte de protéger les emplois de ce secteur situés aux États-Unis, en alléguant que les producteurs canadiens reçoivent des subventions qui faussent les règles du jeu.

Des droits compensateurs sur le bois québécois exporté aux États-Unis pourraient s’appliquer dès le printemps prochain, d’où l’urgence d’obtenir un coup de pouce d’Ottawa, le temps que les recours judiciaires aient pris fin, fait valoir le Québec. Ces droits pourraient dépasser 25 pour cent à compter de la fin avril, mais devraient être modulés selon chaque province.

L’industrie forestière québécoise compte pas moins de 60 000 emplois et l’accès au marché américain pour le bois du Québec est considéré primordial. Des milliers d’emplois sont en jeu à court terme, particulièrement dans les usines de sciage en régions, qui exportent largement leur production vers les États-Unis.

Québec presse donc le gouvernement Trudeau pour qu’il fasse le maximum, à la fois pour gagner la bataille judiciaire et pour assurer entre-temps aux producteurs de bois québécois de ne pas subir le contrecoup de cette saga.

Québec a par ailleurs embauché l’ex-ambassadeur canadien à Washington, Raymond Chrétien, pour négocier en son nom. Il est aux États-Unis depuis lundi et jusqu’à jeudi pour rencontrer les représentants américains chargés du dossier.

Québec fait valoir qu’il a adopté en 2013 un nouveau régime forestier qui fait que le quart de sa production est vendue aux enchères, ce qui influence le prix général obtenu pour la matière ligneuse québécoise, qui sert essentiellement à fabriquer des maisons. Selon le gouvernement, cette approche de libre marché constitue le principal argumentaire en sa faveur.

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