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Trois nouveaux commissaires pour Énergie Est

Natural Resources Minister Jim Carr stands in the House of Commons during question period, in Ottawa on Friday, December 9, 2016. THE CANADIAN PRESS/ Patrick Doyle Photo: Patrick Doyle/La Presse Canadienne
Fannie Olivier, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Trois nouveaux commissaires bilingues ont été nommés pour remplacer le panel chargé de mener des audiences publiques sur Énergie Est qui s’était récusé à l’automne.

Leur arrivée remettra sur les rails le processus d’examen gelé depuis trois mois, mais des groupes écologistes avancent que ces nominations ne seront pas suffisantes pour rétablir la crédibilité de l’Office national de l’énergie (ONÉ).

Marc Paquin (du Québec), Don Ferguson (du Nouveau-Brunswick) et Carole Malo (de l’Ontario) ont été désignés par le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, à titre de «membres temporaires» de l’organisme fédéral de réglementation. Selon les règles de l’ONÉ, c’est le président de l’Office qui assignera officiellement aux nouveaux commissaires le projet qu’ils doivent étudier.

Ceux-ci auront vraisemblablement pour mandat de remplacer les trois commissaires qui ont démissionné en septembre, alors que l’Office faisait l’objet d’allégation de partialité. Deux d’entre eux, soit Lyne Mercier et Jacques Gauthier, avaient rencontré secrètement l’ex-premier ministre du Québec Jean Charest. Ce dernier agissait comme consultant pour TransCanada, le promoteur du pipeline Énergie Est.

Devant le tollé soulevé par cette réunion, le comité d’examen avait rendu les armes et s’était récusé, expliquant vouloir ainsi préserver «l’intégrité» de l’ONÉ.

Depuis, le processus d’évaluation du projet d’oléoduc Énergie Est a été mis sur la glace. Il reviendra à l’ONÉ de déterminer s’il juge approprié de faire table rase et de recommencer les consultations du début, avec l’arrivée des nouveaux commissaires.

M. Carr s’est dit «ravi» par l’arrivée de ces trois nouveaux membres «parfaitement bilingues», ajoutant qu’ils pourront se mettre au travail «dès qu’ils le souhaitent».

Les trois personnes nommées par M. Carr proviennent d’horizons différents. Marc Paquin siège au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement du Québec (BAPE) et est président d’UNISFÉRA, une firme de consultants qui travaille notamment en développement durable.

Don Ferguson, ancien sous-ministre du Nouveau-Brunswick, est codirecteur de On Point Consulting, cabinet-conseil spécialisé entre autres dans la gouvernance.

Le parcours de Carole Malo est davantage lié à l’énergie. Elle a notamment été directrice chez Hydro-Québec et dirige actuellement son cabinet spécialisé dans le conseil stratégique dans différents secteurs, dont l’infrastructure et l’énergie.

Ils auront la tâche d’écouter les points de vue sur ce projet de pipeline de 4500 kilomètres qui, s’il est construit, transportera 1,1 million de barils de pétrole par jour de l’Alberta jusqu’au Nouveau-Brunswick.

Ces nouvelles nominations ne sont pas suffisantes aux yeux de plusieurs groupes écologistes pour permettre à l’ONÉ de redorer son blason. Alors que le gouvernement de Justin Trudeau a promis de réformer de fond en comble l’organisme, le projet Énergie Est est évalué selon des règles intérimaires.

Selon Patrick Bonin, de Greepeace, les enjeux sont «trop grands» pour qu’Ottawa se permette d’examiner un tel projet sans un processus d’étude impeccable.

«Ce n’est pas vrai que le gouvernement peut laisser aller cette évaluation-là juste en changeant trois personnes et en disant « ayez confiance dans un processus », alors que c’est une réforme en profondeur que ça prend», a-t-il fait valoir lors d’un entretien téléphonique.

Le président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), André Bélisle, affirme qu’il faut d’abord une enquête sur ce qui s’est passé entre l’ONÉ et Jean Charest avant d’aller de l’avant avec l’étude d’Énergie Est.

«On met la charrue avant les boeufs, a-t-il laissé tomber. C’est clair qu’il faut qu’il y ait une enquête en profondeur sur ce qui s’est passé dans les rencontres secrètes, les tractations avec TransCanada.»

Le groupe Ecojustice abonde dans le même sens et demande que le processus d’évaluation retourne à la case départ, avec un nouveau dépôt du projet par TransCanada.

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