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«Qui ne dit mot consent»: le NPD critique Trudeau

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les néo-démocrates fustigent Justin Trudeau pour son mutisme sur le décret entourant l’interdiction d’entrée aux États-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane.

Le premier ministre du Canada avait le devoir de soulever cet épineux dossier lors de sa rencontre avec le président des États-Unis lundi à Washington, a insisté la députée Hélène Laverdière.

«Qui ne dit mot consent», a lâché la porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d’affaires étrangères en point de presse dans le foyer de la Chambre des communes, lundi après-midi.

La députée Laverdière a ajouté que «ne rien dire ne fait qu’encourager», et qu’il n’aurait par ailleurs «pas été très compliqué», pour Justin Trudeau, de faire état des préoccupations du gouvernement canadien à ce chapitre.

«Vous ne pouvez pas en même temps dire que vous allez vous battre pour défendre les droits de la personne à travers le monde et refuser d’en parler quand vous allez à l’étranger et qu’il y a un enjeu quand même assez fondamental des droits de la personne», a-t-elle critiqué.

À l’issue de son tête-à-tête avec Donald Trump à la Maison-Blanche, lundi, le premier ministre Trudeau a plaidé que les Canadiens ne s’attendaient pas à ce que leur leader fasse la morale au voisin du sud.

Le NPD est d’avis que les Canadiens s’attendent, au contraire, à ce que leur premier ministre se fasse le porte-parole de leurs valeurs en matière de droits de la personne, a fait valoir la députée Jenny Kwan.

Car ils ne peuvent accepter «qu’un pays démocratique décrète une interdiction d’entrée en se basant sur la religion et le pays d’origine des gens», a-t-elle insisté en point de presse au côté de sa collègue Laverdière.

Et il apparaît, selon ce qui a transpiré de la rencontre entre les deux hommes et les propos tenus lors de leur conférence de presse, que M. Trudeau n’a pas soulevé cet enjeu, «qu’il ne s’est pas tenu debout pour les droits de la personne au nom des Canadiens», a regretté Mme Kwan.

Pour le chef intérimaire du Bloc québécois, Rhéal Fortin, le premier ministre, sans pour autant sermonner le nouveau locataire de la Maison-Blanche, aurait «certainement» pu «assumer et défendre» les valeurs canadiennes en ce qui a trait aux droits de la personne.

«Le décret américain, qui ferait en sorte qu’ils n’acceptent pas de gens de confession musulmane, ça ne rencontre pas nos valeurs. Nous, au Canada, on est prêt à les accueillir, ces gens-là», a-t-il soutenu en point de presse.

«Je pense que M. Trudeau devrait le redire à M. Trump que de notre côté, nous, on pense qu’il faut les admettre ces gens-là. Ça se dit avec respect, ça. Je ne vois pas de problème avec ça, moi», a ajouté M. Fortin.

Il n’est pas dit qu’en privé, derrière des portes closes, les deux hommes n’ont pas discuté du décret, des cas de Canadiens qui ont été refoulés à la frontière ou encore de ces immigrants qui ont traversé à pied, souvent par un froid sibérien, le frontière canado-américaine.

Le bureau du premier ministre n’a pas voulu fournir de détails sur la teneur de la discussion privée entre MM. Trudeau et Trump, référant à leur déclaration commune et aux propos qu’ils ont tenus lors de la conférence de presse subséquente à leur entretien.

Les conservateurs préoccupés par l’économie

De leur côté, les conservateurs ont fait peu de cas de la question du controversé décret présidentiel.

Ce sont surtout des préoccupations d’ordre économique qui tenaillent la leader intérimaire de la formation, Rona Ambrose. Car selon elle, les politiques fiscales libérales auront pour effet de permettre au président Trump de venir «voler des emplois au Canada» avec plus de facilité.

«Écoutez, s’il continue à hausser les taxes (…) nous allons avoir davantage de difficulté à retenir les gens au pays et créer des emplois au Canada. Pendant ce temps, M. Trump a promis de baisser dramatiquement les taxes», a affirmé Mme Ambrose en point de presse.

Le premier ministre Justin Trudeau et son équipe se rendaient à cette rencontre avec comme principal objectif de s’assurer que le Canada ne fasse pas les frais des mesures protectionnistes du nouveau président.

Donald Trump a souvent manifesté son désir de renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Il a répété lundi que son problème avec le traité concernait le Mexique et qu’il souhaitait apporter de petits ajustements aux éléments liant le Canada aux États-Unis.

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