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Écoles et conflits: Ottawa signe une déclaration

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le Canada s’engage à mieux protéger les écoles — et les enfants — dans les zones de conflit.

La ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau, a signé mardi à Paris au nom du gouvernement canadien la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, en même temps que le gouvernement français.

«On s’engage à protéger les écoles, à faire en sorte que les écoles ne soient pas utilisées pour entreposer des armes ou pour garder des prisonniers ou pour être utilisées comme base», expose-t-elle en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

Le document est non contraignant, mais cela ne signifie que le Canada ne prend pas l’engagement «très sérieux» d’en appliquer les principes, notamment en s’en inspirant pour guider la planification et la conduite des opérations de l’armée canadienne, assure-t-elle.

Et par ailleurs, «le fait que et la France et le Canada se joignent à la déclaration, ça nous permet de provoquer la discussion avec d’autres pays qui n’y ont pas déjà adhéré», tient à souligner Mme Bibeau.

La ministre était accompagnée dans la capitale française par le lieutenant-général à la retraite Roméo Dallaire, qui a fait de la lutte au recrutement et à l’emploi d’enfants-soldats son principal cheval de bataille.

La déclaration est pertinente, selon lui, car les écoles ne bénéficient pas tout à fait du même niveau de protection que les hôpitaux ou les églises en vertu du droit international. Le document vient donc contribuer à le rehausser, indique-t-il.

«Vous savez, au Nigeria, quand ils sont allés chercher les 200 filles là, c’était dans une école», fait-il remarquer en entrevue aux côtés de la ministre Bibeau en faisant référence au rapt, par le groupe Boko Haram, des écolières de Chibok, dans le nord-est du pays, en 2014.

«Alors cette déclaration donne le signal qu’aller jouer dans les écoles va vous attirer des réactions beaucoup plus vives et beaucoup plus délibérées, et que vous allez être tenus responsables», insiste M. Dallaire.

La Déclaration sur la sécurité dans les écoles a été élaborée à l’issue de consultations nationales menées par la Norvège et l’Argentine en 2015.

Le gouvernement de Stephen Harper ne figurait dans la première vague de signataires du document, et il se l’était fait reprocher par des groupes humanitaires comme Human Rights Watch.

Lorsqu’on demande à la ministre Bibeau pourquoi le Canada a initialement dit non, elle se fait diplomate: le gouvernement de Justin Trudeau voit les choses sous un autre angle que celui qui l’a précédé, se contente-t-elle d’offrir.

«On a vraiment entrepris, autant au niveau de la défense que du développement, une revue des politiques très, très importante. Et dans les deux cas, on souligne l’importance et le rôle de la protection des femmes et de la protection des enfants», a-t-elle soutenu.

Aussitôt que la ministre Bibeau termine sa phrase, le lieutenant-général Dallaire intervient. «Le gouvernement ne voulait rien savoir. (…) Ça prend un gouvernement qui veut s’impliquer», a-t-il lâché, assurant ne pas parler «avec son chapeau d’ancien sénateur (libéral)».

La décision du gouvernement canadien de signer la déclaration a été applaudie par les organisations Initiative Enfants soldats de la Fondation Roméo Dallaire, Save the Children, UNICEF Canada et Vision mondiale Canada.

«Nous sommes vivement encouragés par le rôle continu de chef de file du Canada en matière d’investissement dans l’éducation et la protection des enfants dont la vie est bouleversée par des conflits et des situations de crise», ont-elles déclaré mardi par voie de communiqué.

«En plein conflit, l’école constitue pour les enfants une source primordiale de sécurité et d’espoir, en leur permettant d’apprendre, de jouer et de surmonter leurs traumatismes», ont ajouté les organisations.

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