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CERP: Viviane Michel livre un vibrant témoignage

Photo: Archives TC Media
Vicky Fragasso-Marquis - La Presse Canadienne

La présidente de Femmes autochtones du Québec, Viviane Michel, a livré un vibrant témoignage à l’ouverture de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP), lundi, affirmant que la réconciliation entre les Premières Nations et le Québec n’arriverait pas sans une reconnaissance des «injustices sociales» qui affectent les communautés autochtones.

Mme Michel était la première intervenante qui témoignait au début des audiences de la CERP, qui se sont déroulées au Conservatoire de musique de Val-d’Or, une région particulièrement importante dans la symbolique de cet exercice.

Des femmes autochtones de cette région avaient confié en 2015 à l’émission «Enquête» que des policiers leur avaient fait subir des sévices physiques et sexuels, ce qui avait provoqué un scandale au Québec.

Aucun policier n’a été accusé dans le cadre de ces allégations, mais le gouvernement Couillard avait tout de même choisi de déclencher une enquête publique plus large en décembre 2016.

Mme Michel s’est montrée très émotive pendant son témoignage qui a duré plus d’une quarantaine de minutes. Elle a souligné que les Autochtones ne faisaient pas confiance aux autorités, qui connaissent trop peu leurs pratiques et leur conception de la justice.

Vers la fin, elle a éclaté en sanglots lorsqu’elle a dit que cette commission était importante pour «les femmes, les soeurs, les filles, les mères et les grands-mères» qui ont vécu des «traumatismes».

«J’ai besoin que nos femmes soient en sécurité. J’ai besoin qu’on soit crues à quelque part: qu’il y a une défaillance dans le système, qu’on est mises de côté, qu’on ne vaut pas la peine face à la société», a-t-elle déclaré.

«Ça me dépasse qu’on ne nous prenne pas comme des êtres humains, ça me dépasse», a-t-elle martelé avec des larmes qui lui coulaient sur les joues.

Mme Michel a prévenu la commission qu’elle suivrait ses démarches et qu’elle s’exprimera si «des choses la dérangent».

«Je suis de nature franche (…) S’il y a des choses que je trouve que c’est pas correct, vous allez m’entendre», a-t-elle déclaré.

«Je suis une femme publique et je me sers de ces outils-là. Ce n’est pas une menace, j’ai des comptes à rendre», a-t-elle ajouté.

Le juge à la retraite Jacques Viens, qui préside la Commission, l’a remerciée pour son témoignage, et a ajouté qu’il ne pouvait garantir que le gouvernement suivra ses recommandations.

«Mais l’attitude du gouvernement dépendra largement de la participation qui aura été apportée à la commission. Je pense qu’on en est tous conscients», a-t-il indiqué.

Le mandat de la Commission est de recommander des actions correctives à mettre en place par le gouvernement du Québec et par les autorités autochtones pour prévenir ou éliminer toute forme de violence, de pratiques discriminatoires et de traitements différents dans la prestation de services publics aux Autochtones.

Les audiences auront lieu à Val-d’Or ainsi que dans les communautés autochtones touchées et d’autres régions du Québec, si la Commission le juge nécessaire.

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