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Violette: reprendre sa place dans l’Histoire

Photo: Métropole films

Le cinéaste Martin Provost continue à dépoussiérer le souvenir d’artistes d’antan. Après la peintre Séraphine, il redonne ses lettres de noblesses à l’écrivaine Violette, qui est incarnée avec grâce par Emmanuelle Devos.

Elle était la protégée de Simone de Beauvoir, l’«âme sœur» de Jean Genet et recevait l’estime de Cocteau et de Sartre. Pourtant, peu de gens connaissent Violette Leduc, une jeune écorchée vive qui traitait de passions homosexuelles et d’avortement tout juste après la Seconde Guerre mondiale.

«Elle écrivait ce qu’elle vivait, sans aucune notion de choquer, explique la radieuse Emmanuelle Devos, rencontrée dans un hôtel montréalais. Son manque de bol, c’est que ce n’est pas de son époque. Elle aurait publié ses livres à partir des années 1970 et 1980 et ça aurait été sûrement mieux accepté.»

Le réalisateur Martin Provost ignorait tout de cette figure littéraire. C’est en travaillant sur Séraphine (qui a reçu sept César) qu’il a fait sa connaissance et très tôt, une idée de diptyque sur ces femmes oubliées et muselées par la société, bercées par la nature et le divin, lui est venue.

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Pour toucher son essence, l’homme derrière le trop peu vu Où va la nuit? a appris à filmer de la littérature («je suis entré dans la chair de l’écriture de Violette») et il a soigné son scénario pendant deux années.

«Je voulais voir comment, à travers l’écriture, elle réussit à s’en sortir, expose le metteur en scène. Je suis touché de voir à quel point c’est possible de dépasser sa condition, de voir le monde différemment, de lui donner un sens et c’est ce sens-là que je m’efforce de trouver et de transmettre. Elle aussi m’a aidé à renforcer mon lien au monde et à la création, et à affirmer ma façon de voir et à affiner mon regard.»

À bas le classicisme!
À chaque fois qu’un film historique voit le jour, il doit se battre contre le stéréotype d’usage, qui inclut des termes tels  «classique» et «académique». Violette ne fait pas exception.

«Les bras m’en tombent parce que ça revient souvent, avoue le cinéaste Martin Provost. Ne pas être classique, c’est tourner avec une caméra qui bouge dans tous les sens? Tout mettre en gros plan et découper en petits trucs? Ça, c’est le classicisme aujourd’hui, c’est un problème de la normalisation du regard. Moi, j’ai fait l’inverse. J’ai fait des plans séquences. J’aime voir évoluer un personnage dans l’espace, parce qu’il s’inscrit dans l’univers. Violette n’est pas seule au monde, elle se sent seule dans le monde. Ce n’est pas la même chose. Donc, quand je la mets dans la nature, toute petite avec des grands arbres autour, cela a vraiment du sens pour moi.»

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Violette
En salle dès vendredi

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