Autrui: collision de deux mondes

Micheline Lanctôt propose d’aller vers les autres avec Autrui, un film sur une jeune femme, incarnée par Brigitte Pogonat, qui accueille chez elle un sans-abri interprété par Robin Aubert.

Malgré son sujet et le fait qu’il a été présenté à la Maison du Père, Micheline Lanctôt répète tout au long de l’entrevue que sa dernière réalisation, Autrui, n’est pas un long métrage sur l’itinérance. «C’est vraiment un film sur la relation avec autrui. Le personnage est un itinérant qui n’est pas représentatif de tous les sans-abri; c’est lui qui vient vers elle, en quelque sorte.»

Les aspects sociologiques ont donc moins d’importance que la condition humaine dans cette œuvre sombre mais transpercée de lumière, où un être borderline animal et défait par la vie redevient peu à peu un homme grâce aux bons soins d’une inconnue.

«C’est un film qui est écrit avec le cœur, pas avec la tête. Je n’ai pas l’impression qu’il faut l’intellectualiser. C’est correct que les gens se posent des questions, mais en même temps, ils n’auront peut-être pas les réponses. C’est pour ça que c’est un objet précieux, que c’est un vrai film.» – Robin Aubert, qui évoque les mystères d’Autrui et son refus de «psychologiser»

Tout n’est pourtant pas noir ou blanc dans leurs échanges parfois tordus et manipulateurs. La figure salvatrice n’est pas nécessairement angélique; elle cherche parfois à combler un vide et à tromper l’ennui en se donnant bonne conscience. Quant à la victime, elle peut rapidement prendre le contrôle et s’accaparer le pouvoir dans cette relation souvent inégale entre deux mondes parallèles qui se rencontrent enfin.

«Il y a beaucoup de paradoxes et de contractions dans cette relation-là, admet la cinéaste, qui a coscénarisé le film avec Hubert-Yves Rose. Quand on pose un geste envers quelqu’un, on s’engage à quelque chose, on devient responsable de quelque chose. Il y a beaucoup de conséquences qu’on ne prévoit pas nécessairement et qui peuvent soit nous faire grandir si on arrive à les gérer, soit nous caler.»

Autrui
En salle dès vendredi