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Pièce de théâtre sur la mort de Fredy Villanueva: «On ne rouvre pas le procès»

Photo: Romain Schué / TC Média

Martyr pour les uns, délinquant pour les autres, Fredy Villanueva est au centre d’une pièce de théâtre qui revisite le drame qui a secoué Montréal-Nord à l’été 2008. Pas question de faire le procès du policier auteur des coups de feu mortels, mais de panser des plaies qui demeurent vives, avertit le metteur en scène.

La pièce, intitulée simplement Fredy, débute par le discours d’introduction du coroner lors du premier jour d’une enquête très médiatisée et revisite ensuite les nombreux témoignages entendus. Une fois le rideau tombé, Marc Beaupré, metteur en scène de la pièce présentée au Théâtre La Licorne, veut ouvrir au dialogue.

«L’objectif n’est pas de révéler quelque chose, renverser les opinions, corriger une injustice ou de rejuger ce drame», assure-t-il prudemment.

«Apporter un peu de dignité à ceux qui en ont cruellement manqué»
«Ce n’est pas à moi de dire si l’enquête a été correcte, reprend-il. Mais je veux mettre de la lumière sur des aspects méconnus, raconter cette histoire et apporter un peu de dignité à ceux qui en ont cruellement manqué, comme Dany, le frère de Fredy, que beaucoup ont comparé rapidement à un grand criminel.»

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Les comédiens de Fredy lors de la première lecture de la pièce courant décembre 2015.

Annabel Soutar, l’auteure de cette pièce et fine connaisseuse de cette affaire après avoir suivi toute l’enquête dans le cadre d’une réalisation scolaire, abonde dans ce sens.

«Il y a eu beaucoup de malentendus et j’espère que l’on pourra apporter un regard pour comprendre comment cet acte de violence a pu arriver. J’aimerais que l’on saisisse le contexte social, que l’on comprenne les relations entre les jeunes et les policiers avant cette interpellation», évoque cette ancienne professeure de théâtre à l’école Selwyn House.

«Davantage une histoire de conscience sociale que de chasse aux sorcières»
Pour les principaux acteurs de cette pièce, ce fait-divers comportait de nombreuses zones d’ombre. «Lorsqu’on a lu, pendant six heures consécutives, les résultats de l’enquête, j’étais épuisé, j’avais des sueurs», avoue Nicolas Michon qui interprète Denis Meas, le meilleur ami de Fredy, témoin de la scène.

C’est le bon moment pour présenter cette pièce. Avec la crise des migrants en Europe, Donald Trump et son mur contre les Mexicains, et les meurtres raciaux aux États-Unis, le monde a besoin d’un espace de réflexion.»
Annabel Soutar, auteure de Fredy

«C’est une pièce complexe, reconnait Joane Poirier, alias Stéphanie Pilotte, l’une des policières présentes sur les lieux. J’aimerais briser des barrières. Au-delà des faits, j’espère qu’il y aura une ouverture d’esprit.»

«C’est davantage une histoire de conscience sociale que de chasse aux sorcières», confirme Nicolas Michon.

La famille de Fredy Villanueva ainsi que les policiers participant à l’enquête, les différents avocats et les membres du comité de soutien de la victime ont été conviés à ces représentations. «Mais nous avons eu peu de réponses», explique Annabel Soutar qui ne désespère pas de les convaincre et de les inviter à un dialogue avec le public à la fin du spectacle.

Fredy sera jouée du 1er au 26 mars 2016 au théâtre La Licorne, 4559 avenue Papineau, Montréal.

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