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Un curé veut organiser des messes en espagnol pour relancer sa paroisse

Le père Lauréot Couture a pris la tête de la paroisse Saint-Joseph en septembre 2016. Photo: FELIX O.J. FOURNIER TC MEDIA

Un prêtre multilingue, arrivé récemment à Rivière-des-Prairies, veut innover en proposant des messes et services en espagnol à la paroisse Saint-Joseph, l’une des plus historiques de Montréal. Il espère attirer une nouvelle clientèle «très en demande».

«Une église, c’est un peu comme un commerce. Si personne ne vient, le commerce va mal. Comme un commerce, l’église doit innover, s’adapter à la clientèle», indique le prêtre Lauréot Couture, 72 ans.

Arrivé en septembre dernier à Rivière-des-Prairies après 22 années passées du côté de Saint-Léonard, cet ex-professeur de chimie au Collège Clarétain de Victoriaville veut relancer cette paroisse patrimoniale fondée en 1687, la troisième plus vieille de Montréal, qui a traversé ces dernières années d’importantes difficultés financières.

Son idée ? Mettre en place, chaque semaine, plusieurs messes en espagnol, une langue apprise aux contacts d’amis hispaniques, avant un stage à Barcelone, durant ses quatre années d’études de théologie menées à Rome à la fin des années 1960. Un véritable besoin et un «manque criant» dans l’arrondissement, selon le curé qui couvre également la paroisse Sainte-Marthe, toujours à Rivière-des-Prairies.

«Aucune paroisse n’en célèbre dans l’est. Beaucoup de personnes n’attendent que ça pour revenir à l’église», reprend le père Couture, qui, convaincu du potentiel et de l’attrait de sa demande, a déjà présenté un rapport au diocèse de Montréal.

Le diocèse «analyse la situation.»
Le prêtre prairivois, qui se dit «prêt à débuter rapidement», a fait sa demande en septembre. Or, le diocèse tarde à donner sa réponse.

lp-paroisse-st-joseph-rdp4Contacté par TC Media, celui-ci indique «être toujours en discussion avec le père Lauréot Couture» et ne souhaite pas préciser de délai.

«Il y a des points administratifs à régler, imagine le curé de la paroisse Saint-Joseph. Accueillir de nouvelles personnes amène des questions. Par exemple, si je pars, qui va reprendre ce groupe. Mais je ne vais pas partir de sitôt.»

«Offrir ce service me paraît normal»
L’ecclésiastique vise un public cible de «7 000 personnes sur notre territoire, voire 10 000 si on inclut les alentours avec Terrebonne et Repentigny», et notamment une centaine de résidents hispanophobes qui se réunissent chaque dimanche dans un centre de la Communauté des Salésiens de Don Bosco.

«On rend service en attendant une décision du diocèse», assure de son côté le père Richard Authier, directeur de cet organisme, dont la mission est avant tout de venir en aide aux plus jeunes, et qui a pris part à différentes rencontres avec l’archevêque de Montréal.

«Cette communauté veut venir prier dans une église, veut s’identifier à une paroisse. Offrir ce service me paraît normal, insiste le père Couture, qui veut «éviter de perdre des fidèles.»

«Parfois, certaines personnes sont vulnérables et vont ensuite voir ailleurs. Moi, je veux qu’elles se sentent accueillies dans notre communauté», ajoute celui qui célèbre déjà des «baptêmes, funérailles ou mariages» en italien, mais qui ne peut assurer davantage de services dans cette langue en raison de la présence à proximité de la paroisse italienne Marie-Auxiliatrice.

Des dettes absorbées par plus de services
Au «repos» après un infarctus subi en 2013, le père Couture avait répondu favorablement à l’appel de sa direction pour reprendre à temps plein cette paroisse après le départ, pour des ennuis de santé, de l’abbé Fernand Beaulieu à l’été 2016, après six ans de service. Depuis son arrivée, ce curé a multiplié les initiatives pour remplir à nouveau les bancs de son église.

En doublant le nombre de messes les samedis et dimanches, le nombre de pratiquants a fait un bond du même ordre, avec près de 400 à 500 personnes présents durant cette période. Un résultat «logique» dans un arrondissement en constante croissance démographique.

«Les gens n’étaient pas satisfaits, ils allaient voir ailleurs. C’est sûr, ça fait plus de travail, mais on est là pour être à leur service», martèle le prêtre.

Conséquence immédiate de ce retour des paroissiens, une quête de plus en plus fructueuse. «On reçoit près de 700$ chaque fin de semaine, soit 200$ de plus qu’avant», précise-t-il, avant de se réjouir du remboursement total d’une dette d’environ 120 000$, consécutive à la rénovation de la toiture du toit du bâtiment, grâce à différentes actions, une collecte mensuelle et des dons.

«On va beaucoup mieux, même si rien n’est parfait. Les gens souhaitent plus de services. Moi, j’ai l’opportunité de le faire, il y a des besoins et je parle plusieurs langues. Ça me tient à cœur, il faut en profiter, sourit le père Couture. On se reposera dans l’éternité.»

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