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Une église patrimoniale à bout de ressources

Photo: Romain Schué/TC Media

Site patrimonial, l’église Saint-Joseph, au cœur de la troisième plus vieille paroisse de Montréal, traverse d’importantes difficultés financières. Après avoir déboursé plus de 100 000$ pour des rénovations, elle est confrontée à un manque à gagner annuel de 30 000$. Si son avenir n’est pas encore menacé à très court terme, l’Abbé Fernand Beaulieu tire la sonnette d’alarme.

Au bord de la rivière des Prairies et du boulevard Gouin Est, l’église Saint-Joseph et son clocher en forme de flèche élancée paraissent majestueux. Avec sa toiture entièrement rénovée il y a près de deux ans, l’édifice terminé en 1876 impressionne. Chaque fin de semaine, près de 200 à 250 personnes se pressent même sur des bancs refaits à neuf après un incendie remontant à 1982. Rien ne semble donc perturber le paisible quotidien de l’Abbé Beaulieu.

« Les gens pensent qu’on est riche, que c’est le Vatican qui paye tout », sourit le maître des lieux, en poste depuis 2010. « Malheureusement, personne ne réalise la situation que l’on vit, explique la secrétaire-comptable, Lyne Paris, l’une des trois employés d’une paroisse fondée en 1687. Tout le monde s’imagine que ça va bien, mais il n’y a plus d’argent qui rentre… »

Une perte de 30 000 $ par an
Sur le bureau de Mme Paris, les factures s’empilent. Et les dettes s’engrangent. Les frais de chauffage, d’entretien et d’électricité ? Près de 43 000 $ par an. La rénovation de la toiture ? Plus de 400 000 $, dont 103 000 $ à la charge de la paroisse, le reste étant subventionné par la Fondation québécoise du patrimoine, un organisme financé par le gouvernement provincial.

Cette récente facture plombe le budget de l’église, toujours à la recherche de 20 000 $ pour rentrer dans ses frais. « Chaque année, on perd environ 30 000 $», assure Mme Paris.

Cette dernière, qui donne « moins de dix ans d’espérance de vie pour l’église à ce rythme », explique que la paroisse doit puiser à même ses réserves pour payer les frais d’exploitation. « Normalement, on ne devrait pas toucher à cet argent placé en banque. Mais on y est obligé. Il ne nous reste même pas 400 000 $. S’il nous arrive un pépin, on n’aura plus rien ».

« Si on n’arrive pas à financer et à rembourser nos dettes, il faudra remettre la bâtisse au diocèse qui la vendra. C’est la réalité », clame, meurtri, l’Abbé Beaulieu, dans son bureau du presbytère.

Mais comment expliquer une telle situation d’urgence ? « C’est simple, il n’y a plus de rentrées d’argent, répond l’Abbé Beaulieu. Les gens habitués à nous aider vieillissent, décèdent et la nouvelle génération ne collabore pas de la même façon ».

« La dîme ne nous a rapporté que 12 000 $ en 2015 alors qu’on en espère environ 30 000 $. On a déjà atteint les économies maximales possibles », reprend Mme Paris.

« Et les quêtes ne rapportent presque rien, poursuit l’Abbé Beaulieu. Sans oublier l’augmentation des différents coûts. On a tenté de charger légèrement les mariages par exemple, mais on ne veut pas faire fuir les gens ».

Les fenêtres menacent de se briser
Face à ces soucis budgétaires, l’Abbé Beaulieu a été contraint de reporter un nouveau projet de rénovation : l’entretien, voire le changement de la vingtaine de fenêtres et vitraux de l’église, en mauvais état, « qui datent de la construction d’origine », décrit le curé.

« Mais cette réfection nous coûterait, à notre charge, près de 50 000 $. Une somme impossible à débourser, soupire l’Abbé Beaulieu. On a fait réaliser des études à ce sujet et on nous a donné un maximum, encore, de deux à trois ans avant que le risque qu’elles ne se brisent ne soit trop élevé. J’espère simplement qu’elles résisteront cet hiver au froid ».

Marchant à travers l’allée de cette église Saint-Joseph, l’Abbé Beaulieu décrit l’histoire, riche, de sa paroisse. Sourire aux lèvres, il se veut positif : « C’est un lieu symbolique et historique que nous devons conserver le plus longtemps possible. Cette église a une valeur forte, il faut la garder ouverte. Je ne veux pas être alarmiste, pas encore. Mais il faudrait simplement avoir un peu d’aide ».

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