Collège de Rosemont: les suspensions d’enseignants dénoncées

Une cinquantaine de professeurs, étudiants et citoyens se sont rassemblés, jeudi matin, devant le collège de Rosemont, en soutien aux six professeurs suspendus par la direction de l’établissement, en début de semaine.

Le mot d’ordre du rassemblement avait été envoyé discrètement, mercredi soir, à une poignée de personnes.

Parmi les personnes mobilisées, Michel Seymour, professeur au département de philosophie à l’Université de Montréal (UdeM). Ce dernier avait adressé, au lendemain des suspensions, une lettre ouverte au directeur général du cégep.

«À ma connaissance, il y a un seul établissement dans tout le Québec où on décide d’agir comme ça. On est présent ce matin pour faire comprendre au Collège de Rosemont que cette décision met de l’huile sur le feu et creuse le fossé entre les directions collégiales et les profs. Ils devraient plutôt être à leurs côtés et non pas agir comme des patrons», estime-t-il.

Dans la foule, quelques représentants du corps professoral du Collège ont affiché, discrètement, un soutien à leurs collègues.

«Il y a beaucoup de rancœur et d’incompréhension. Personne ne s’attendait à des sanctions aussi sévères, confie l’un d’eux, qui préfère garder l’anonymat. Tous les profs sont dans l’attente du dénouement. Il y a beaucoup d’appréhension. La décision semble un peu arbitraire, car il y avait plus de six enseignants présents le 1^er mai. Ceux qui étaient là sont dans l’incertitude.»

Andrés Fontecilla, président et porte-parole de Québec solidaire s’est joint à la mobilisation. «Il était important d’être présent ce matin pour démontrer notre solidarité avec les enseignants suspendus. Ils sont des victimes directes de l’appel du ministre de l’Éducation à punir ceux qui ont exercé leur mandat de grève sociale le 1er mai», dénonce-t-il.

Craintes chez les élèves
Devant l’établissement, les étudiants ont affiché leur soutien.

Plusieurs étudiants du Collège se sont également joints au rassemblement.

«On ressent un énorme malaise, car plusieurs d’entre nous étaient présents vendredi sur les lignes de piquetage, explique Émilie Bélanger, présidente de l’Association générale des étudiants du collège de Rosemont (AGECR). Les professeurs, eux, étaient en retrait. De toute façon, on avait prévu de perturber les cours si la direction ne les avait pas levés.»

Beaucoup d’élèves se disent préoccupés face à cette situation qui intervient deux semaines avant de la fin de la session.

«Les professeurs ne donnent pas simplement des cours. Ils répondent à nos questions, donnent du temps supplémentaire pour nous aider. En fin de session, les étudiants sont très stressés et ont besoin d’encadrement supplémentaire. C’est une aberration de voir qu’on n’aura pas les mêmes réponses et la même méthode d’enseignement que d’habitude», ajoute la représentante de l’AGECR.

Les membres de l’Association ont décidé de faire circuler une pétition demandant l’annulation des sanctions disciplinaires.

Sollicitée, la direction a indiqué qu’elle n’accorderait aucune entrevue.

Elle doit rencontrer, dans la journée, le Syndicat des professeurs du collège de Rosemont, dans le cadre d’un comité de relation de travail.