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La résilience d’une sinistrée

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Près d’un an après le terrible brasier qui a détruit le jour de Noël son appartement et celui d’une cinquantaine d’autres personnes, la vie de Johanne Boucher a repris son cours normal. Mais quand l’alarme d’incendie s’est déclenchée dans son nouvel immeuble, quelques jours avant le triste anniversaire, elle a bien réalisé qu’elle n’était pas entièrement remise du choc subi ce soir-là.

Même s’il s’agissait d’une fausse alerte, le cœur de la sinistrée s’est emballé. «Ça m’a tellement secouée! J’avais juste envie de pleurer. Je ne pensais vraiment pas que j’étais encore atteinte à ce point-là», confie la dame d’une cinquantaine d’années.

Mme Boucher se souvient encore de la soirée où elle s’est retrouvée sur le trottoir, en pyjama, à regarder, pendant plusieurs heures, les flammes se propager aux quatre immeubles de la 1re Avenue.

Elle se faisait couler un café et s’apprêtait à regarder un film, bien emmitouflée avec son mari quand sa voisine de palier est venue les prévenir qu’un feu s’était déclaré au troisième étage. «Je l’ai jamais bu, mon café», soupire-t-elle.

Avec ses voisins, elle a passé le reste de la soirée à se réchauffer dans la boutique du maire, Jean-François Parenteau, qui avait ouvert ses portes pour les accueillir.

Chanceuse malgré tout
Puisqu’elle logeait au rez-de-chaussée, Mme Boucher fait partie des quelques «chanceux» qui n’ont pas tout perdu dans le sinistre. Dès le lendemain matin, elle est retournée avec ses sœurs pour récupérer tout ce qui pouvait encore être sauvé dans son appartement. Quelques meubles, des vêtements qui, une fois lavés, perdraient l’odeur de soufre qui les imprégnait, des souvenirs.

«Mes sœurs ont été extraordinaires. Elles ont entreposé mes meubles en attendant qu’on soit relogé, ont lavé ce qu’elles pouvaient. On est trois filles dans la famille et on se tient. On est toujours là l’une pour l’autre», souligne-t-elle.

La grande générosité des Verdunois, qui ont donné de leur temps et de nombreux biens, a également aidé à redonner le sourire à ceux qui, comme Mme Boucher, n’étaient pas assurés, leur permettant de repartir à neuf.

«Grâce à eux, le choc a été beaucoup moins gros. On n’aurait pas réussi à s’en sortir tout seuls», assure-t-elle, pleine de reconnaissance.

La Verdunoise est également bien heureuse d’avoir pu être relocalisée dans le patelin où elle a grandi . Son nouvel appartement, dans un édifice d’habitation à loyer modique (HLM) du boulevard LaSalle lui convient, avec sa vue sur le fleuve.

«Quand on est emménagé, les levers et les couchers de soleil orangés que je voyais de ma fenêtre m’ont tellement aidé à passer par-dessus cette épreuve», se souvient-elle.

Retour impossible
Les travaux de réparation des quatre immeubles incendiés de la 1re Avenue auraient dû être terminés déjà, mais un ouvrier a informé Mme Boucher que le délai final avait encore une fois été repoussé.

Pour la jeune retraitée, peu importe, puisqu’elle ne pourrait y retourner, même si son ancien quartier lui manque encore. Maintenant séparée, elle ne pourrait se permettre seule ce loyer.

«De toute façon, avec ma belle vue sur le fleuve, je ne veux plus m’en aller, maintenant», affirme-t-elle sans regret.

Si elle est un peu inquiète à l’idée de passer la soirée du 25 décembre seule dans son nouvel appartement, Mme Boucher refuse de s’accrocher aux mauvais souvenirs.

Le petit sapin qui orne son salon, récupéré dans son ancien logement au lendemain de l’incendie, est là pour lui rappeler que, après tout, ils y ont survécu.

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