Dorothy Rhau: 100 % pur cacao (1re partie)

Photo: YouTube

Dorothy Rhau est une humoriste à surveiller. Depuis 2010, elle ne cesse de faire parler d’elle. Richard Burnett de The Gazette l’a désignée carrément dans la liste des 20 Montréalais les plus hots de l’année 2012. Elle n’y côtoie rien de moins que Xavier Dolan, Jay Baruchel et Jonas. J’ai eu l’immense plaisir de l’interviewer. Voici la première partie de cette rencontre.

Parlez-nous de votre naissance et de votre enfance.
Je suis née en 1973 de parents d’origine haïtienne, à l’hôpital Jean-Talon de Montréal. Étant le premier enfant de ma mère, j’ai été un heureux événement. On m’a raconté qu’à peine sortie du ventre de ma mère, j’ai ouvert les yeux. Je crois que j’étais curieuse de voir ce qui m’entourait. (Rires) Malheureusement, mes parents ne s’entendaient pas bien. Ils se sont séparés quand j’avais 6 ans.

La séparation a-t-elle été très dure pour vous?
Oui. Mais elle m’a permis de découvrir que j’étais une fille de caractère. Après le divorce, mon père n’avait que des droits de visite. Il n’était pas question de garde partagée à l’époque. Un samedi, après avoir passé un agréable moment en sa compagnie, j’ai demandé à ma mère la permission de dormir chez lui, avec mon frère. Elle a refusé. En descendant les marches, j’ai affiché un large sourire à mon père lui disant que ma mère avait accepté. J’ai menti! Depuis, nous avons passé les week-ends chez mon père toutes les deux semaines.

Déjà rebelle?
Oui, je déteste les barrières. (Rires)

Comment étiez-vous à l’école?
Une élève moyenne. J’étais une fille très «garçon manqué». Costaude, téméraire et sportive, on ne pouvait pas niaiser avec moi. À l’époque, il y avait plus de racisme envers les Noirs à Montréal. On se faisait écœurés par les garçons. Alors, je les battais. Ils avaient peur de moi. (Rires) À mon entrée au secondaire, par conscience chrétienne et parce que ça me faisait mal pour les garçons, j’ai décidé d’arrêter de me battre. Mon image a changé et je suis devenue une fille très appréciée. En 3e secondaire, j’ai été élue personnalité de l’année à l’école Joseph-François-Perrault du quartier Saint-Michel. J’étais une touche-à-tout, sociable et très impliquée dans tous les comités. J’avais des amis des quatre coins du monde. J’excellais dans les épreuves d’expression orale.

À la maison, vous étiez une fille attachée à la culture haïtienne. À l’école et dans la rue, vous étiez ouverte à la diversité. Étiez-vous constamment en décalage?
Non. Certes, mes parents sont très croyants. Jeune, je fréquentais plusieurs églises et Dieu était omniprésent chez nous. Pourtant, je n’ai jamais senti de décalage, parce que je n’avais pas peur de revendiquer mon identité tout en respectant celle des autres. C’est ça qui m’a toujours démarquée [des autres]. J’étais au secondaire et j’ai proposé un sujet oral contre la masturbation. (Fou rire)

Vous aimiez choquer le public?
Non. Je suis une personne de principes. Au secondaire, on venait m’interviewer parce que j’étais l’une des rares filles à ne pas avoir de relations sexuelles. J’ai été contre la «fornication» avant le mariage. Là, je me rattrape. (Fou rire)

Jeune, vous voyez-vous comme une humoriste?
Non. Par contre, tout ce qui touchait à la communication et les médias m’intéressait. À 18 ans, j’ai commencé à travailler à la radio. J’ai produit et animé ma première émission humoristique avec l’équipe haïtienne de radio centre-ville. Une émission humoristique intitulée «Rions ensemble» avec le groupe kit-kat composé de mon cousin, ma tante, mon frère et moi.

Pourquoi une émission d’humour? A-t-elle été bien accueillie?
À la base, je suis une fille rigolote qui fait des blagues. Par contre, notre émission n’a pas fonctionné. On a dû arrêter après une saison estivale. Les Haïtiens n’étaient pas prêts à donner leur chance à des gamins qui racontaient des blagues. Mais c’était une première expérience révélatrice. Une minorité d’auditeurs à l’esprit ouvert avait compris notre sens de l’humour. Un producteur nous a même offert un spectacle.

Ah oui?
Gabriel Jeanty et l’artiste Barbara Guillaume nous ont demandé de présenter un numéro d’humour en ouverture de Boukman Ekspéryans, un groupe de musique haïtien en tournée à Montréal. C’était la première fois que je montais sur scène pour présenter un numéro de stand-up, au Collège Marie-Victorin, 20 ans avant ma reconversion!

Qu’avez-vous fait durant ces 20 ans?
Il fallait étudier et gagner ma vie. Après mon DEC en sciences humaines, j’ai opté pour un programme d’enseignement à l’UQAM, avant de changer d’option. Je me suis inscrite à McGill en administration. Pendant mes études, j’ai contacté l’agence de placement Quantum pour trouver un travail à temps partiel. Et c’est l’agence qui m’a embauchée comme conseillère à temps plein. C’est là que tout a commencé pour moi!

Comment?
Je rêvais de devenir une femme d’affaires. J’étais attirée par ce milieu où on porte des tailleurs et des talons. J’avais à peine 23 ans et je travaillais dans le plus bel édifice de Pointe-Claire. Un jour, alors que je me dirigeais vers l’ascenseur à la porte dorée, je me suis dit voilà, je réalise une de mes visions. Je marchais et j’entendais mes talons faire des clics. Après Quantum, j’avais une possibilité d’augmenter mes perspectives de carrière et j’ai rejoint le service à la clientèle de Bell express vu.

Avez-vous aimé?
J’aimais le contact avec les gens, mais ce n’était pas ma place. Entre-temps, dans mon temps libre, j’ai continué à travailler bénévolement dans presque toutes les radios communautaires haïtiennes qui existaient à Montréal. Je me suis aussi inscrite à l’école Promédia pour suivre des cours de journalisme à temps partiel. Au bout de 4, 5 ans, j’ai démissionné de chez Bell. En 2005, mon diplôme en poche, j’ai travaillé comme stagiaire-recherchiste à « Le monde est petit », l’émission de CKMF, l’ancêtre de radio Énergie avec Martin Petit et Josée Boudreau. Ensuite, comme recherchiste, j’ai intégré l’équipe de « Sucré salé » à TVA. Après une saison, je suis partie en congé maternité.

La radio avant l’humour…
Depuis mes 18 ans, à la radio, j’ai presque tout fait, jusqu’à animer ma propre émission, « Session Soul », à CIBL. Ce médium m’a permis de rencontrer des gens importants comme François Avard.

À suivre, la 2e partie de l’interview…

Le 9 février 2013, dès 19 heures à l’Astral, allez voir « Dorothy Rhau : 100 % pur Cacao », un spectacle d’humour inédit conçu exclusivement pour le Mois de l’Histoire des Noirs.

Le site de l’humoriste Dorothy Rhau

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.