Une Égyptienne contre les militaires et les Frères musulmans

Hala Choukrallah est la première chef d’un parti politique dans le monde arabe. Elle incarne l’espoir dans une Égypte tourmentée.

Là-bas, le maréchal Abdel Fattah Khalil al-Sissi a été plébiscité avant d’être candidat à la présidence. Une parenthèse démocratique brève et sanglante s’est ainsi refermée sur le pays des Pharaons.

Décrite ainsi, la situation égyptienne semble sombre, pourtant, l’esprit de la révolte de 2011 n’est pas mort. Hala Choukrallah l’incarne parfaitement.

Femme, chrétienne mariée à un musulman, première chef d’un parti politique et éternelle militante des droits de l’Homme, elle a affronté les quatre présidents qui ont dirigé l’Égypte ces 40 dernières années.

Méconnue, Hala Choukrallah a été révélée au monde le 23 février dernier. Ce jour-là, elle a succédé au prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei à la tête d’Al-Dostour, parti libéral fondé en 2012.

Hala Choukrallah a eu un parcours atypique. Après avoir vécu et étudié au Canada, elle est retournée en Égypte avec sa famille dans les années 1970.

Elle a vite gagné ses lettres de noblesse comme militante politique imperturbable. Emprisonnée par le régime d’Anouar el-Sadate, elle a aussi affronté les Frères musulmans au sein des campus.

Fille de diplomate onusien, l’étudiante a accompagné son paternel en Inde, avant de poursuivre ses études en Angleterre. De retour au pays, cette sociologue de gauche a travaillé pour plusieurs programmes consacrés au développement des femmes. Militante, mais aussi chercheuse universitaire, elle est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat consacrés à la montée de l’islamisme radical et au sort des Égyptiennes.

Après la chute de Moubarak, l’éternelle militante s’est jointe au mouvement révolutionnaire de gauche pour fonder Al-Doustour, le parti considéré comme un bastion de la révolution susceptible de défendre et de concrétiser ses revendications.

Sur les plateaux télé, cette mère de famille de 59 ans au physique frêle semble ne pas faire le poids dans un pays où le machisme bat tous les records. Pourtant, avec son sourire timide, elle arrive facilement à expliquer les difficultés de son pays.

Pour Hala Choukrallah, l’Égypte traverse une période instable et une véritable guerre pour la démocratie au milieu d’une attaque en règle contre les forces vives de la nation.

La présidente d’Al-Doustour s’est donné comme mandat l’élaboration d’une vision claire articulée autour des batailles quotidiennes du peuple égyptien : accéder à une vie décente, gagner des salaires équitables et jouir des libertés fondamentales.

Dans la foulée, Hala Choukrallah mène avec courage une lutte acharnée contre et la brutalité du régime en place, et les groupes islamistes prônant la violence. Une femme avec un F majuscule!
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.