Ebola: cap morbide des 3000 morts dépassé

Orphelins en Sierra Leone Photo: Unicef: Dunlop

Sous-évalué pour certains, ce chiffre n’en demeure pas moins glaçant. Oui, le paludisme, le sida et d’autres maladies infectieuses tuent beaucoup plus que l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest. Mais si Ebola inquiète tant l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les autorités sanitaires des pays concernés, ou encore des ONG comme Médecins Sans Frontières, c’est par son taux de létalité virulent (nombre de morts par rapport au nombre de personnes infectées) et sa propagation.

Sur les 6574 personnes infectées, presque 50%, plus exactement 3093 personnes en sont mortes selon le dernier bilan de l’OMS publié le 27 septembre. Les pays concernés sont la Guinée, source de l’infection, avec 648 morts sur 1074 cas; le Liberia, avec 3458 personnes infectées, dont 1830 sont mortes, la Sierra Leone, où l’on compte 2021  infectés dont 605 morts, le Nigeria avec 20 cas déclarés dont 8 morts, sans compter le dernier cas déclaré aux États-Unis.

Outre le nombre de morts, l’une des autres conséquences collatérales tragiques est le sort réservé aux enfants devenus orphelins. L’Unicef, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, compte plus de 3700 enfants orphelins en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Ils ont perdu un ou leurs deux parents à cause du virus ou sont rejetés par les membres de leur famille qui ont survécu, par crainte de l’infection.

Pour leur venir en aide, au Liberia par exemple, l’Unicef aide le gouvernement à former 400 assistants sociaux et agents de santé, spécialistes en santé mentale. En Guinée, l’agence onusienne apporte un appui psychosocial à environ 60 000 enfants et à leurs familles vulnérables dans les communautés touchées par le virus.

La Côte d’Ivoire et le Sénégal ont ouvert des corridors humanitaires pour acheminer de l’aide dans les trois pays les plus touchés. De nombreuses rotations d’avions de pays et d’organismes internationaux doivent avoir lieu dans les prochains jours, selon des responsables sénégalais. Les secours s’organisent mais la principale question demeure : pourquoi une réaction si tardive?

Pour ceux qui s’intéressent au continent africain, ceci est une fausse question. C’est justement parce que l’épidémie s’est déclarée sur le continent que la réponse internationale a été tardive.

Dans un entretien au site d’informations Slate.fr, le professeur Peter Piot, découvreur du virus Ebola en 1976, estime que « les bons réflexes n’ont pas été mis en œuvre en temps et en heure. Désormais, la réponse à la situation épidémiologique ne doit plus être du seul ressort de la médecine. Il faut en urgence passer à une réponse d’une toute autre ampleur. Parallèlement à la militarisation de l’action médicale, il faut élargir la mobilisation internationale et onusienne. Ebola n’est plus seulement une épidémie, c’est une crise humanitaire majeure. »

Toutefois, le Pr Piot ne partage pas les prévisions catastrophistes des CDC américains (Centre de prévention et de contrôle des maladies) qui prévoient jusqu’à 1,4 million de cas d’Ebola en janvier prochain.

L’espoir de l’OMS tablant sur un vaccin d’ici novembre lui donnera peut-être raison…

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