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Les Simone, quand le concept fait entrave au contenu

Les Simone Photo: ICI Radio-Canada Télé

Au début de l’automne, j’étais un des rares critiques à exposer mes réserves par rapport à la nouveauté Les Simone à ICI Radio-Canada. Devant un flot de critiques dithyrambiques, je me sentais presque mal d’être la voix dissidente qui n’était pas complètement renversée par cette proposition de Kim Lévesque-Lizotte et Ricardo Trogi.

Mais, tout près de la fin de cette première saison, j’ose croire que le temps m’aura donné raison.

Le problème avec Les Simone, ce n’est pas que ce n’est pas bon, c’est même très sympathique à suivre chaque semaine, mais on peut dire que la série n’a pas les moyens de ses ambitions : c’est-à-dire d’être féministe et revitalisante.

Bon, vous me direz que Kim Lévesque-Lizotte est allée se détacher de ces étiquette lors de nombreuses entrevues en marge de la diffusion de la série. Oui, mais le titre reste le même, les références à Simone de Beauvoir sont encore là et la machine promotionnelle derrière la série pousse très fort sur cette note.

Les Simone … et non les aventures de Maxime et ses amies montréalaises, ou encore la recherche de jeunes trentenaires, ou encore sexe dans le 514. Non, l’affiche géante près du pont Jacques-Cartier dit Les Simone et les petites notes sur le babillard d’inspiration du personnage de Maxime citent, aussi, Simone de Beauvoir … et plusieurs autres.

Parce que… semble-t-il que ça ajoute quelque chose au récit.

Je m’égare, sauf que je ne veux pas être trop critique non plus envers la série puisque j’ai un certain plaisir à la visionner, même si l’étiquette m’agace.

Les Simone, dans le fond et la forme, est une série comme les autres au Québec. C’est dans les détails qu’on remarque que les changements annoncés n’ont jamais sauté des pages du scénario.

Par exemple, la caméra de Ricardo Trogi aime beaucoup cadrer les seins lors des scènes intimes. Beaucoup étant un mot faible. En comparaison, Girls de HBO présente beaucoup plus de nudité, mais pas forcément des plans cadrés de poitrine sursautant durant des ébats.

C’est dans les détails.

Le récit aussi s’articule assez simplement, de façon très conventionnelle, autour des relations hommes femmes. Plutôt, ces femmes en quête d’identité se définissent en fonction de leur rapport à des hommes. Une souhaite garder son copain visiblement pas fidèle, une autre est amère parce que son amant se détache d’elle et l’autre, Maxime, le point central du récit, se fâche parce qu’elle retombe dans les mêmes mécaniques du vieux couple malgré son déménagement et son changement de vie.

Donc, après la fanfare d’une série «révolutionnaire» et «féministe», on se retrouve plutôt devant une comédie dramatique conventionnelle. Pas plus féministe que C.A., par exemple, ni plus revendicatrice que le film Le Mirage, le projet précédent de Trogi d’une maladresse aussi dangereuse que dérangeante.

Ce qui me fâche, dans le fond, c’est les fausses promesses, le potentiel gaspillé. Nous avons ici une super distribution, du travail de qualité et des textes quand même représentatifs de la réalité. Mais l’enveloppe reste la même. La main mise derrière tout ça reste celle d’un homme blanc, confortable dans ses pantoufles, qui aime dire à ses tchums à la brasserie que les femmes sont toutes folles et dépendantes des hommes.

Je suis peut-être sévère, mais je pense à tout ça quand je visionne Les Simone… et je suis malheureusement déçu. Un jour, les propositions dramatiques changeront pour vrai, mais d’ici là on se contente des maigres soubresauts et de la petite douceur de voir Anne-Elizabeth Bossé dans un rôle titre.

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