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Les Simone, surfer sur les clichés au nom du rire

Les Simone Photo: ICI Radio-Canada Télé

Ma critique de la nouvelle série Les Simone est un exemple assez frappant du pourquoi j’évite les visionnements de presse. J’ai l’impression qu’il est impossible de se faire une tête dans ce genre de situations, du moins, c’est la conclusion que j’en tire devant l’improbable similitude des articles à propos de la nouveauté de Radio-Canada à deux semaines de son entrée en ondes.

Les critiques unanimes ne sont pas anormales, loin de là, mais elles sont suspectes quand elles sont présentées ainsi au lendemain d’un visionnement de presse.

Voici quelques-unes de mes réserves par rapport à Les Simone qui sera sans doute un rendez-vous populaire lors de la rentrée automnale, mais pas forcément un rendez-vous auquel j’assisterais religieusement.

Premièrement, Anne-Élisabeth Bossé est tout en nuances dans son interprétation. Un rôle riche, surprenant et attendrissant. Par contre, on dirait que tout l’univers qui l’entoure et, surtout, les gens qui l’entourent sont découpés dans un catalogue de clichés et fait de papier mâché approximativement peinturé. L’écart est tellement grand entre Bossé et tout le reste de cet univers qu’on se demande pourquoi, en 2016, on utilise encore des raccourcis narratifs aussi flagrants pour lancer une série. Un personnage fort, c’est bien, mais un ensemble de personnages nuancés c’est encore mieux.

Quelques-uns des raccourcis en vrac : Le chum de Québec, «bon Jack», limite simplet et xénophobe, n’aime pas Montréal et rêve d’une vie rangée avec des enfants et sa «man cave» pour jouer au poker. Ensuite, la journaliste accro aux likes, la sœur prisonnière de sa vie de banlieue, la simplicité aliénante de Québec , le musicien qui «fourre tout ce qui bouge» et tout ça sans souligner l’application très forcée de la référence à Simone de Beauvoir dans le titre et dans un épisode avec la présence d’un livre.

Manquait juste une petite dose de «Carpe Diem» et le catalogue de lieux communs était complet.

J’admets que je fais ici dans la mauvaise foi, mais c’est que je suis déçu de ne pas avoir aimé ça.

Je voyais le projet sur papier et je reconnaissais l’abondance de talent. J’étais curieux de voir la plume de Kim Lévesque-Lizotte, la réalisation expérimentée de Ricardo Trogi et le jeu de la distribution, particulièrement la pétillante Karine Gonthier-Hyndman qui était ma découverte de l’année jusqu’ici dans Like moi.

Individuellement, ça m’attirait beaucoup, mais le tout manque de cohésion, de profondeur et de nuance.

Vous me direz qu’une comédie peut se permettre un certain laxisme au niveau du réalisme et des couches de nuances pour provoquer des rires et faire réfléchir et je vous donnerais raison. Sauf que pour moi, une série peut trouver son humour sans délaisser le reste. Qui plus est, quand on me parle d’une série «féministe» avec une référence au crayon-feutre à Simone de Beauvoir, je m’attends à un minimum de rigueur.

Je ne suis pas du tout un expert du corpus de madame de Beauvoir, mais je me doute que son émancipation ne se résumait pas par la réalisation que la vie n’est pas forcément le bonheur en banlieue à planter des fleurs et pondre des bébés.

Il est là mon malaise avec Les Simone. C’est drôle, c’est sympathique, mais je n’embarque pas. C’est trop facile dans son humour, convenu et surtout prudent. Dommage, parce que nous avons eu la démonstration très récemment qu’une série qui ose, à la Série Noire, peut nous offrir de la télévision d’une grande qualité sans nous présenter des personnages unidimensionnels.

Les Simone sera une série malheureusement oubliable, même si toutes les critiques vous diront le contraire jusqu’à la première diffusion à la mi-septembre.

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