Quand Montréal séduit New York

En hiver, le soleil réchauffe l’air qui s’accumule dans les serres, ce qui isole la tour. En été, la chaleur est évacuée grâce à un effet de cheminée. Photo: Lemay

Une ferme urbaine verticale pour réinventer une tour iconique de New York, controversée depuis sa construction: voilà le concept qui aura su séduire le jury d’une importante compétition internationale d’idées en sol américain.

D’où vient ce concept? De Montréal, plus précisément du cabinet d’architecture Lemay, qui aura su se distinguer la semaine dernière parmi plus d’une centaine de propositions d’architectes, d’ingénieurs et de designers d’un peu partout sur la planète. Le but de ce concours : transformer l’enveloppe du Metlife Building, un édifice imposant d’une cinquantaine d’étages au cœur de Manhattan, afin de réduire significativement sa consommation énergétique.

Concept de ferme verticale, élaboré par la firme montréalaise Lemay, pour réinventer une tour iconique de New York.

«On ne voulait pas simplement changer l’enveloppe de la tour pour la rendre écologique, me confie Michel Lauzon, associé chez Lemay. On a décidé de redéfinir complètement l’image du Metlife, qui a longtemps été détesté parce qu’il coupe la circulation automobile, fait de l’ombre à ses voisins, empiète sur le domaine public. […] On voulait améliorer la qualité de vie urbaine avec notre proposition, on voulait que la tour redonne quelque chose à la communauté.»

L’architecte et son équipe ont ainsi élaboré un concept de serres verticales, qui viennent reposer directement sur les façades du Metlife Building. Cette nouvelle «peau végétale» permet, dans un premier temps, de moderniser et de verdir l’édifice, sans pour autant dénaturer sa composition architecturale des années 1960.

Second objectif : améliorer l’isolation du bâtiment. «En hiver, le soleil réchauffe l’air qui s’accumule dans les serres, ce qui isole la tour, explique M. Lauzon. En été, la chaleur s’élève vers le haut et est évacuée grâce à un simple effet de cheminée.»

En hiver, le soleil réchauffe l’air qui s’accumule dans les serres, ce qui isole la tour. En été, la chaleur est évacuée grâce à un effet de cheminée.

Mais l’objectif ultime est de produire des fruits et légumes frais [l’équivalent de cinq fois la production des fermes Lufa, à Montréal], qui seraient offerts dans un marché public au pied de la tour, réduisant ainsi les gaz à effet de serre issus du transport alimentaire.

«Avec ce concours, on voulait montrer notre savoir-faire à New York pour se faire connaître et étendre nos activités, poursuit l’architecte. On a beau avoir travaillé sur d’autres tours, à Montréal, à Dubaï… Ce n’est pas important pour eux [les promoteurs]. Ils veulent savoir comment on réfléchit à des questions qui les touchent directement.»

Lemay a ainsi remporté son pari, du moins à attirer l’attention, confirmant une fois de plus le talent des architectes québécois. Un talent qui gagnerait à être davantage exploité sur notre propre territoire. Imaginez un tel concept de ferme sur la tour de Radio-Canada, qui demandera des rénovations majeures sous peu.

La proposition de Lemay montre également qu’une tour peut offrir beaucoup plus à la communauté que des taxes foncières issues des bureaux ou des logements qu’elle abrite. On gagnerait collectivement à éclater notre architecture, à sortir des édifices à vocation monofonctionnelle. L’avenir de nos villes dépend indéniablement de la densification, mais également de la mixité des fonctions.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.