Le nouveau cabinet de Pauline Marois

Photo: Paul Chiasson / La Presse Canadienne

On a beaucoup parlé de la façon dont le climat politique québécois avait dégénéré ces dernières années. On a moins parlé de la façon par laquelle on pourrait y remédier.

Tout le monde et son frère qui commentent la politique ont imploré les députés de faire preuve d’un peu plus de civilité dans leurs (d)ébats à l’Assemblée nationale et dans les médias. Ça serait déjà ça de pris, mais pourquoi s’arrêter là?

Madame Marois, dont on vante les talents de conciliatrice, a l’occasion de poser un geste unique et concret, qui pourrait contribuer à changer la dynamique parlementaire au Salon bleu : elle devrait nommer des ministres parmi les députés de l’opposition. Oui, même chez les libéraux.

Pour ceux qui ont avalé leurs Corn Flakes de travers, ce n’est pas une blague, et ça s’est déjà vu. Sous François Mitterrand, en France. Plus près de nous, Barack Obama a gardé dans son cabinet le secrétaire (ou ministre) à la Défense Robert Gates, embauché par son prédécesseur George W. Bush.

La première raison pour laquelle Mme Marois devrait considérer cette avenue tient à la légitimité de son nouveau gouvernement. Plus des deux tiers des électeurs ont voté pour un autre parti; ça serait la moindre des choses de montrer qu’elle les a entendus. La seconde tient à sa stabilité. La collaboration des partis d’opposition sera nécessaire pour gouverner. Pourquoi ne pas les impliquer directement?

Le Parti québécois se garderait les ministères stratégiques comme les Finances, la Santé et l’Éducation. Par contre, des dossiers moins politisés pourraient être confiés à des élus d’un autre parti. On peut penser aux Affaires autochtones et aux Aînés, dont les titulaires dans le gouvernement libéral, Geoffrey Kelley et Marguerite Blais, semblent avoir été appréciés. Le PLQ a aussi des candidats du côté de la Sécurité publique avec Guy Ouellette et le nouveau venu Robert Poëti.

Le programme de la Coalition avenir Québec est assez proche de celui du PQ en matière de réforme électorale. François Legault, qui n’est pas chef de l’opposition officielle, pourrait jouer un rôle dans ce dossier. Parmi les députés élus sous sa bannière, Gérard Deltell et Éric Caire, des pragmatiques, seraient aussi de bons candidats pour détenir un portefeuille.

Pourquoi même ne pas tendre une perche à Françoise David? Québec solidaire a tout de même obtenu 1 vote sur 16, et le cabinet comptera au moins 20 ministres.

Un plus grand engagement des partis d’opposition signifiera une opposition plus constructive. Avouons que ça serait plus gênant de traiter un collègue de « girouette », de « tête de slinky » ou de… « grosse crisse ».

À ceux qui s’inquiètent de la vigueur des débats, il restera toujours deux partis, outre celui au pouvoir, et celui d’où provient le «ministre de l’opposition».

Minoritaire, Pauline Marois n’a rien à perdre. Elle pourrait cependant renforcer son gouvernement, voire éventuellement concrétiser son succès dans l’urne.

Et elle montrerait de façon éloquente ce qu’une femme première ministre peut faire différemment.

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