Une piste cyclable au milieu de la rue?

Photo: Google Street View

Cette semaine, ce n’est pas un article qui a attiré mon attention, mais un tweet. C’est Mikael Colville-Anderson, un type est très au fait des enjeux cyclistes, qui a gazouillé.

Une artère, à Washington D.C., avec en son centre, une piste cyclable.

M. Colville-Andersen n’a pas trouvé ça brillant. «Quel sadique a mis une piste étroite, à deux directions, au milieu de la rue? Trouvez cette personne et congédiez-la» (traduction libre).

D’autres, en réponse à ce tweet, disaient au contraire que c’est un système efficace. Qu’on en trouve ailleurs dans le monde, dont à Barcelone.

Pour ma part, je me suis plutôt dit:  «Voilà peut-être une solution quand une voie réservée est implantée… Pourquoi est-ce que ce serait si stupide? J’aimerais bien l’essayer!».

Ma collègue Marie-Ève Shaffer, qui travaille sur le dossier des transports, me demandait justement la semaine dernière si je circulais parfois à vélo sur les voies réservées pour les autobus; ce qui est interdit. La conversation a ainsi déboulé sur ce qui pourrait être fait pour les cyclistes aux endroits où il y a des voies réservées. Parce que l’idée de circuler entre la voie réservée et la voie normale n’est aucunement sensée. Et que les artères qui ont des voies réservées n’ont généralement pas de piste cyclable, mais de larges terre-pleins en leur centre.

J’ai contacté M. Colville-Andersen en lui demandant de préciser sa pensée. Une partie de sa réponse: «Dans notre travail à Copenhagenize Design Co., je souligne le fait que les meilleures pratiques pour les infrastructures de vélos sont vieilles d’un siècle. Nous savons ce qui fonctionne. Dans les détails. Il n’est aucunement logique que des ingénieurs construisent des infrastructures bizarres comme dans cette photo. Fondamentalement, si vous ne voyez pas un design utilisé au Danemark ou aux Pays-Bas, ce n’est probablement pas une bonne idée. Ce design en milieu de rue montre un manque choquant de compréhension de la bicyclette comme moyen de transport. Mettre les cyclistes, qui sont des usagers de la route vulnérables, au milieu d’une rue, dans le trafic rapide, n’est pas sécuritaire et ne favorise pas un sentiment de sécurité. Ça ne fournit pas un réseau cohérent pour eux non plus. »

J’ai aussi montré la photo à Marc Jolicoeur, directeur de la recherche pour Vélo Québec. Il m’a précisé que c’était un design qui avait déjà été proposé dans un cas très particulier, celui du boulevard De Maisonneuve près du métro Vendôme, où il y a beaucoup d’éléments prendre en considération, comme des arrêts d’autobus et plusieurs sens uniques. Finalement, cette idée n’avait pas été retenue.

M. Jolicoeur m’a mentionné la complexité de la gestion aux intersections dans ce genre d’aménagement, le fait qu’on ne puisse en sortir qu’aux coins de rues (qu’est-ce qu’on fait, alors, si on veut avoir accès à un édifice?) et qu’en plus, en étant au centre des voies de circulation, les cyclistes se prennent le bruit et la pollution des deux directions en même temps. Il a ajouté que si l’espace sur la rue permet une piste au milieu, il est tout autant possible de faire de la place en bordure de trottoir.

La morale de l’histoire? Un plan sur papier peut avoir l’air bien séduisant, mais rien n’est mieux que consulter des experts. Et de faire des tests.

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