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Souriez, vous êtes (peut-être) espionné

Photo: Collaboration spéciale

Le Palais des congrès hébergera mercredi un colloque sur les cyberenquêtes avec des spécialistes en matière de renseignement ou d’espionnage. L’occasion idéale pour faire le point sur la question avec Jérôme Bail, organisateur du colloque et fondateur de Technologies Vorepass, une entreprise de logiciels spécialisés dans la lutte contre la cybercriminalité.

Facebook est devenu un terrain de jeu qui attire les criminels semble-t-il…
Facebook est si populaire qu’il y a une migration de la plupart des types de crime vers ce médium. Dans certains départements d’enquête du gouvernement, les crimes Facebook représentent 80% du volume total. Les fraudeurs d’hier, qui utilisaient le courriel pour appâter leurs proies, cherchent désormais sur Facebook des hommes qui vont par exemple accepter de se toucher devant une jeune fille. Ils enregistrent la séance de webcam, puis leur demandent de l’argent, sans quoi ils menacent de divulguer la vidéo à leurs connaissances.

Une des approches du fraudeur est d’abord d’ajouter, comme amis, des connaissances de la victime. Quand il entre ensuite en contact avec cette dernière, elle a un faux sentiment de confiance créé par les amis en commun.

«Il y a une règle simple à suivre sur Facebook: ne pas ajou­ter comme ami quelqu’un qu’on ne connaît pas en personne.» – Jérôme Bail

Le progrès technologique augmente-t-il les risques?
Les failles de sécurité existent en partie pour des raisons économiques. Développer des logiciels étant très coûteux, les concepteurs de nouveaux produits prennent des paris sur leur sécurité afin de rester concurrentiels. Par exemple, les pacemakers contrôlables à distance par le médecin évitent d’avoir à réopérer un patient, mais un hacker peut arriver à en prendre le contrôle. Pareil pour les autos à conduite automatique.

Pour les cartes de crédit PayPass ou PAYware, la machine qui sert à les cloner se vend sur l’internet. Ce n’est pas illégal en soi, mais elle peut être utilisée pour copier les cartes des passants dans une foule. Même des entreprises reconnues sont sur le gril. Par exemple, Facebook a commencé un projet de journalisation des intentions de publication (ce qu’on tape, puis efface ou cor­ri­ge avant de publier «officiellement»). Facebook se défend en affirmant que c’est un projet de recherche socio-psychologique. L’est-ce vraiment?

De quoi doivent se méfier les gens d’affaires quand ils voyagent à l’étranger?
Il y a de nombreuses façons d’espionner. Par exemple, le drone miniature que la Chine fabrique pour suivre et écouter les gens importants – diplomates, PDG d’entreprise… C’est volant, ça prend des photos et ça enregistre le son. Difficiles à détecter, ils sont capables d’entrer dans les maisons par la porte et la fenêtre, et même de capter des bribes de conversation si la porte est fermée en envoyant des micro-ondes.

Quand le PDG de Ferrari se déplace à Dubaï et en Russie, par exemple, son équipe de sécurité «débugue» les chambres d’hôtel en enlevant les micros posés. Un voyage d’affaires important doit être planifié en achetant des cellulaires prépayés, en payant cash, en enlevant la batterie de son cellulaire personnel (car le micro peut être activé à distance), en fermant le Wi-Fi, et bien d’autres précautions. Il y a aussi plus simplement l’espionnage en sol canadien. Et parfois les méthodes simples sont les plus efficaces: intercepter des fax, capter des conversations à distance avec des antennes conçues pour écouter le cri des oiseaux, etc.

Une des conférences du colloque porte sur la synergologie. Qu’est-ce que c’est?
C’est une discipline qui se base sur le fait que l’attitude corporelle est le reflet de l’esprit, et qui a été popularisée par la série télé Le Mentaliste. Du point de vue des enquêtes, cette pratique peut être utilisée durant les interrogatoires, afin de déceler les gestes de dissimulation et les mensonges.

L’agent enquêteur Olivier Dutel racontera comment il a innocenté une personne accusée d’un crime majeur. L’enquête avait déjà été faite et les tests d’ADN confirmaient que l’accusé était coupable. Au cours d’une inspection de routine, M. Dutel l’a interrogé et a déterminé qu’il disait la vérité et n’était pas coupable. Des nouveaux tests sur l’ADN ont révélé qu’il y avait eu une erreur.

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