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Homa Hoodfar est revenue à Montréal

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Des amis et des membres de la famille de la professeure canadienne Homa Hoodfar, qui a été libérée cette semaine d’une prison iranienne où elle avait croupi pendant près de quatre mois, l’ont accueillie avec des cris de joie et des bouquets de fleurs à son arrivée à l’aéroport de Montréal, jeudi matin.

La femme de 65 ans, qui enseignait à l’Université Concordia, est apparue souriante à l’aéroport Montréal-Trudeau, mais semblait fragile.

«C’est fantastique d’être de retour à la maison», a-t-elle lancé devant ses proches et des dizaines de journalistes.

Toute vêtue de noir, les épaules enveloppées d’un châle orange, la femme d’origine iranienne a d’abord étreint ses proches avant de parler de son épreuve.

«J’ai eu sept mois amers, et la détention m’a laissée faible et fatiguée», a-t-elle dit après avoir passé 112 jours dans la sinistre prison d’Evin, à Téhéran, la même où la photojournaliste canadienne Zahra Kazemi a perdu la vie en 2003 après avoir été torturée.

Elle croit que son état de santé va se rétablir maintenant qu’elle est à la maison.

«Je ne sentais pas que j’allais être libérée jusqu’à ce que je sois dans l’avion, dans les airs, a-t-elle ajouté. Parce qu’en Iran, rien n’est fini avant que cela soit fini.»

Elle a même réussi à faire quelques blagues, disant notamment en riant qu’elle allait rester à Montréal pour le moment, lorsqu’elle s’est fait demander si elle pensait retourner en Iran.

«C’est incroyable d’être dans un endroit où vous vous sentez en sécurité, avec vos amis», a-t-elle dit.

Le gouvernement du Canada avait confirmé lundi sa libération. L’ex-professeure de sociologie et d’anthropologie avait alors immédiatement quitté l’Iran pour se rendre à Oman, où sa nièce Amanda Ghahremani l’avait rejointe.

Celle-ci était avec elle à l’aéroport et a déclaré que lorsqu’elle a finalement rejoint sa tante à Oman, elle ne pouvait arrêter de pleurer tellement elle était soulagée.

«Je ne peux même pas décrire le sentiment. J’étais vraiment contente, j’étais fatiguée, je ne pouvais arrêter de pleurer. C’était vraiment un moment avec plein d’émotions et de sentiments que je ne peux même pas décrire. Mais je suis contente d’avoir ma tante et la dernière semaine, je ne pouvais même pas croire qu’elle était là», a-t-elle dit.

Les deux femmes ont remercié le gouvernement canadien pour son aide et pour avoir arrangé sa libération, ainsi que le gouvernement d’Oman.

Mme Hoodfar n’a pas voulu répondre dans l’immédiat aux questions portant sur ses conditions de détention en Iran.

Elle a toutefois précisé que l’épreuve qu’elle a vécue ne va pas l’empêcher de poursuivre ses travaux et même que «cela a ouvert de nouvelles voies que je n’aurais peut-être pas poursuivies de la même façon avant», a dit la femme qui a ajouté qu’elle avait toujours été trop timide pour parler aux médias.

«Et maintenant, voyez ce que le gouvernement iranien a fait!» a-t-elle lancé devant un mur de journalistes, et sous les rires discrets de la foule.

La professeure, qui détient les nationalités canadienne, iranienne et irlandaise, était en isolement cellulaire depuis qu’elle avait été jetée en prison, le 6 juin dernier. Au courant de l’été, Mme Hoodfar avait été hospitalisée.

Née en Iran, Mme Hoodfar est établie à Montréal depuis environ 30 ans.

L’anthropologue et sociologue a mené des recherches sur les femmes musulmanes dans diverses régions du monde. Elle s’était rendue en Iran au début février pour visiter des proches et effectuer certaines recherches.

L’agence de presse iranienne Fars News avait indiqué lundi sur son site internet que la professeure à la retraite avait été libérée pour des raisons humanitaires, en citant le ministère iranien des Affaires étrangères.

Un procureur iranien a reproché à Mme Hoodfar de «baigner dans des activités féministes». D’après sa famille, on a déposé contre elle des accusations de propagande contre l’État et de collaboration avec des États étrangers contre la République islamique d’Iran.

L’épreuve en quelques dates

Début février 2016: Homa Hoodfar se rend en Iran pour y effectuer des recherches

Mars 2016: elle est arrêtée puis se voit interdire de quitter le pays

6 juin 2016: Mme Hoodfar est jetée en prison

Fin août 2016: Elle doit être hospitalisée

26 septembre 2016: Elle est libérée de prison

29 septembre 2016: Elle est rentrée au Canada

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