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Projet Montréal réclame l’abolition de la «taxe rose»

Photo: Romain Schué

Abolir les différences de prix entre les produits féminins et masculins, tel est l’objectif de Projet Montréal, qui souhaite que tous les élus de Montréal s’unissent pour réclamer l’abolition de ces «taxes roses» au gouvernement provincial.

Deux crèmes hydratantes d’une marque identique achetées à la même enseigne entre les mains, Laurence Lavigne Lalonde s’insurge. «Celle pour les femmes est plus petite et est 20% plus chère. Il faut mettre un terme à cette discrimination qui est même une double discrimination puisque les femmes gagnent déjà moins d’argent que les hommes», assure la porte-parole de l’opposition en matière de développement économique, citant notamment la Charte des droits et libertés de la personne.

Surnommée «taxe rose», cette différence de prix entre des produits équivalents en fonction du sexe a déjà fait l’objet d’une étude de la Ville de New York. En 2015, après la comparaison d’environ 4 000 produits, cette dernière constatait que les femmes payaient en moyenne 7% de plus que les hommes. Un constat qui l’a poussée à adopter une réglementation pour garantir une pleine égalité.

Une motion déposée au prochain conseil municipal
Une conclusion qu’espère désormais Projet Montréal qui prévoit le dépôt d’une motion au conseil municipal du 20 février pour pousser le gouvernement de Philippe Couillard, seul habilité à agir, à abolir cette pratique à Montréal et dans l’ensemble de la province.

«Montréal doit donner le ton et jouer le rôle de leader. On doit demander d’une même voix une action de Québec», indique Richard Ryan, conseiller du Mile End. «Si on veut continuer de mettre en avant des valeurs comme le vivre-ensemble et l’égalité, il faut se positionner et arrêter cette injustice», reprend Laurence Lavigne Lalonde, qui évoque également d’importantes différences sur des déodorants, des chemises à remettre au nettoyeur ou des coupes de cheveux.

«Il faut une unité»
Si le Conseil du statut de la femme «salue cette initiative», d’autres organismes qui agissent dans la protection des droits des femmes se montrent emballés. «C’est une bonne idée, car cette situation est injuste, dénonce Anne-Marie Messier, directrice du Centre de santé des femmes de Montréal. La politique doit faire quelque chose; ce n’est pas aux femmes de payer.»

Un avis partagé par la Confédération des syndicats nationaux (CSN). «Il faut une unité sur ce sujet surtout pour une ville comme Montréal qui se veut métropole. Elle peut donner le ton, ajoute Véronique De Sève, responsable du volet de la condition féminine. Notre province prône l’égalité entre les sexes. Ces taxes sont ahurissantes.»

Contacté par Métro, le cabinet de la ministre responsable de la Condition féminine, Lise Thériault, admet qu’il y a «un phénomène préoccupant». «Le gouvernement est préoccupé par le phénomène du marketing genré. Nous encourageons donc les femmes et l’ensemble des consommateurs à faire preuve de vigilance et à bien comparer les prix avant de faire leurs achats», reprend-il, sans préciser si une étude ou une action vont être prises.

Depuis le 1er juillet 2015, le gouvernement fédéral a quant à lui abolit la «taxe tampon», en supprimant la taxe sur les produits et services (TPS) s’appliquant notamment aux serviettes hygiéniques et tampons. Ceux-ci sont néanmoins toujours assujettis à la taxe de vente du Québec (TVQ).

Le maire de Montréal, Denis Coderre, n’a pas souhaité commenter cette proposition, son cabinet indiquant que «le débat» se fera au prochain conseil municipal.

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