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Invités non enregistrés: Denis Coderre ne fait «pas de cachette»

Photo: Romain Schué/Métro

Le maire de Montréal, Denis Coderre, s’est défendu de mener des discussions derrière des portes closes, après que Métro eut révélé que ses invités n’ont plus à s’enregistrer en pénétrant dans l’hôtel de ville. Mais ses adversaires réclament des explications plus claires.

«Les gens passent dans le hall [de l’hôtel de ville], c’est clair, c’est ouvert. Il y a des caméras partout. Il n’y a pas de cachette», a déclaré jeudi matin l’ancien député libéral, avant d’ajouter qu’il est «normal qu’on puisse avoir des rencontres privées.»

Passablement énervé, le candidat à sa réélection a également reproché à Métro de laisser «entrevoir des choses dans [nos] propos sans faire des vérifications et venir nous voir». Or, l’intéressé a été questionné mercredi à ce sujet et le cabinet du maire a ensuite confirmé, par le biais de sa directrice de communication Catherine Maurice, l’existence de cette note envoyée en mars 2014 aux agents de sécurité.

Ces employés municipaux, comme l’indique ce document, ont reçu pour consigne de ne plus enregistrer les noms des «invités» de Denis Coderre. «Dans un premier temps, évidemment, il y a des réalités de sécurité et deuxièmement, il y a des réalités de conflit», s’est défendu le maire sortant, sans apporter davantage de précisions.

Questionné sur un éventuel manque de transparence, ce dernier a évoqué la création du Bureau de l’inspecteur général, chargé de lutter contre la collusion, au début de son mandat.

«On a ramené l’intégrité, a poursuivi celui qui a fait sa campagne sur ce thème en 2013. Je réfute complètement même de penser qu’on joue des games dans ce sens-là. Je le refuse et c’est inacceptable. On a toujours travaillé dans la transparence. J’ai pas de cachette, je suis toujours sur le terrain. Pour moi, c’est un agenda qui est autre que du journalisme.»

Coalition Montréal veut une enquête
Ces arguments n’ont pas convaincu Jean Fortier, ancien numéro deux de la Ville et candidat à la mairie avec Coalition Montréal. Ce dernier a écrit au Commissaire au lobbyisme du Québec afin «d’enquêter» sur cette consigne. «Ce n’est peut-être pas grave, mais c’est un indice qui montre que la culture du secret est en vigueur. Et cette culture du secret est propice à l’éclosion de la corruption», a fait remarquer l’ex-président du comité exécutif, entre 1998 et 2001.

Indiquant qu’il ne «faudrait pas partir en peur», le maire Coderre a également questionné les pratiques de Projet Montréal, l’opposition officielle. «Y a pas de registre de l’opposition et y a pas de registre pour le bureau du maire, a-t-il assuré. Vous savez qui c’est qui rentre [dans les bureaux de l’opposition] ?»

Faux, a rétorqué Projet Montréal, qui a indiqué que des «directives» les obligent à enregistrer «tous les visiteurs» venant dans leurs locaux. La chef du parti, Valérie Plante, a également répliqué qu’elle n’avait «aucun problème» à rendre public la liste des personnes qu’elle rencontre. «Je n’ai rien à cacher, a-t-elle lancé. La question est de savoir pourquoi l’administration Coderre a envoyé un mémo en disant que les visiteurs du maire et du chef de cabinet et de son chef de cabinet ne soient pas notés. J’ai un grand malaise avec ça.»

La formation politique de Mme Plante a également souligné que c’est Équipe Coderre qui détient le pouvoir à l’hôtel de ville et non elle. Cette dernière a aussi promis de «rétablir cette règle» en cas de victoire électorale le 5 novembre. Une volonté partagée par Jean Fortier, qui va encore plus loin. «Il serait bon que l’agenda du maire de Montréal et toutes ses rencontres soient publiées. Il n’y a aucune atteinte à la vie privée. Au contraire, c’est douteux de le cacher. La Ville pourrait également noter dans un registre toutes les personnes qui viennent demander des choses réclamant un pouvoir décisionnaire, comme une dérogation, le changement de zonage ou l’extra d’un contrat», a-t-il confié.

«Si on veut rétablir la confiance et amener les meilleures pratiques en terme d’éthique, la moindre des choses, c’est de faire preuve de transparence au niveau de nos visiteurs, a ajouté Valérie Plante. C’est un bonne façon de se protéger contre toute forme de conflit d’intérêt.»

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