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Plaidoyer en faveur d’une ville sans pub

Photo: Archives Métro

La publicité envahit de plus en plus les rues montréalaises et rapporte en redevances moins de 3% du budget de la Ville montre une note de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) qui explore la possibilité d’avoir une municipalité sans pub.

Chaque jour, un citoyen nord-américain serait exposé à environ 3000 messages publicitaires. À Montréal, la publicité a pris de plus en plus d’espace pour désormais atteindre les taxis, les vélos BIXI, les quais du métro, le dessus des urinoirs des bars et ce, pour des gains relativement faibles, note l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) dans une fiche présentée mardi.

«L’espace public est en train de se privatiser au point où il devient difficile de trouver des espaces sans publicité», déplore l’auteure de la fiche, Eve-Lyne Couturier. Cette dernière a calculé que grâce à la taxe sur les enseignes publicitaires, la Ville de Montréal et la Société de transport de Montréal (STM) tirent des revenus de l’ordre de 170M$ par an.

Cela représente moins de 3% du budget de la Ville et moins de 2% du budget de la STM. «Cela peut paraître beaucoup d’argent [auquel renoncer], mais il faut y voir une forme d’investissement dans une ville plus conviviale, belle et qui reconnait les personnes qui l’occupent comme autre chose que des consommateurs», écrit Mme Couturier, en suggérant à Montréal de s’inspirer de villes comme Sao Paulo et Grenoble, qui sont les plus avancées dans le domaine de la lutte à la publicité.

Grenoble a, par exemple, diminué sa flotte de voitures pour compenser financièrement les revenus liés aux panneaux d’affichage. La ville de France garde toutefois la possibilité d’y avoir recours pour promouvoir des projets culturels ou communautaires.

Du côté d’Équipe Coderre, on souligne qu’il s’agit d’une compétence d’arrondissement, mais que le parti prone une «approche équilibrée», sachant que «l’affichage permet de passer certains messages importants, ainsi que de la publicité et de l’affichage commercial. Ça peut aussi être une source de revenu». Chez Projet Montréal, on préfère éviter de commenter l’étude.

En 2000, le Québec a adopté une loi interdisant notamment l’affichage publicitaire à 300 mètres d’un pont, à 200 mètres d’une entrée ou sortie d’autoroute et à 100 mètres d’une école. Cela a poussé la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain à démanteler en 2015 une trentaine de panneaux situés sur les terrains fédéraux lui appartenant, une fois les contrats arrivés à échéance. Force est de constater que plusieurs propriétaires privés se font toujours tirer l’oreille pour appliquer la nouvelle législation, comme en témoignent les quelques gros panneaux qui subsistent le long du pont Jacques-Cartier.

Quant à l’industrie de l’affichage, qui a déployé plus de 5000 panneaux publicitaires à Montréal, elle ne se laisse pas faire. Ainsi, après 6 ans de procédures judiciaires, le Regroupement de l’industrie de l’affichage extérieur au Québec a contesté avec succès le règlement de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal qui visait à bannir les grands panneaux d’affichage. L’industrie invoquait notamment que le règlement contrevenait au droit à la liberté d’expression, tel que défini par la Charte canadienne des droits et libertés.

L’arrondissement, qui invoque notamment son droit à utiliser le règlement d’urbanisme pour améliorer le paysage urbain, a fait appel de la décision.

 

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