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Cyclotourisme: Montréal sur la bonne voie

MONTRÉAL – «Vous faites un tour guidé à vélo? Cool!», s’exclame une jeune cycliste aux cinq touristes qui attendent patiemment que le feu tourne au vert à l’intersection des rues Sherbrooke et du Fort, dans le centre-ville de Montréal.

Venus de l’Ontario, du New Jersey et de la Grande-Bretagne, ces cinq visiteurs avaient décidé d’opter pour une façon de plus en plus populaire de découvrir la métropole: à deux roues.

La boutique Fitz & Follwell, qui organise des tours organisés à vélo, enregistre une croissance vertigineuse de ses opérations depuis son ouverture, en 2009 — si bien que son propriétaire, Shea Mayer, ne cesse de développer de nouveaux circuits afin de diversifier son offre.

«C’est clair que ce créneau touristique est en expansion. C’est énorme!», lance M. Mayer, qui dit s’être inspiré de ses voyages en Europe pour fonder son entreprise.

«J’ai pris des tours de vélo dans chaque grande ville européenne que j’ai visitée, et je trouvais que c’était une vraiment bonne idée, qui pouvait bien marcher à Montréal.»

Le cyclotourisme s’est effectivement d’abord développé dans les villes européennes comme Copenhague, Amsterdam ou Berlin — des villes dotées de solides infrastructures cyclables, qui baignent dans une culture cycliste ancrée depuis de nombreuses années.

Mais au cours des cinq dernières années, Montréal s’est imposée comme une destination de choix pour ce type de tourisme.

Ses quelque 600 kilomètres de pistes cyclables et l’arrivée des Bixis lui ont valu d’être consacrée la première ville cyclable en Amérique du Nord par la firme de consultants Copenhagenize. Montréal revendique cette année la 11e position à l’échelle internationale du palmarès de Copenhagenize, derrière les Munich, Tokyo et Dublin, notamment.

Et dans les salons touristiques qui se tiennent aux quatre coins de la planète, les tours organisés à vélo attirent l’attention d’un nombre grandissant de voyagistes, confirme Hugo Leclerc, de Tourisme Montréal.

«La réputation de la ville fait un peu en sorte que parfois, dans les salons, on va nous approcher en parlant déjà de ça», explique-t-il.

Les rares données disponibles témoignent de la popularité indéniable du produit. Selon Bruno Lajeunesse, responsable de la section vélo de l’Association professionnelle des guides touristiques (APGT), plus de 450 tours guidés à vélo ont été menés par des guides accrédités à Montréal en 2012, comparativement à 386 en 2011 et à 190 en 2010.

La demande est si forte qu’elle a entraîné une pénurie de personnel: «Cette année, il manquait cruellement de guides, raconte M. Lajeunesse. Le cours était même pas fini à l’ITHQ (l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec) et les agences venaient faire du repérage, ils voulaient avoir les contacts des finissants!»

Si la tendance se maintient — et que Dame Nature y met du sien —, on devrait fracasser un nouveau record cette année, prédit M. Lajeunesse.

Déjà, début mai, les affaires roulaient allègrement chez Fitz & Follwell. Et les cinq visiteurs qui ont pris part au circuit d’une durée de quatre heures, auquel La Presse Canadienne a pris part, semblaient avoir apprécié leur expérience.

«Les tours à vélo, c’est une idée brillante. Partout où je suis allée, dans le passé, je faisais des tours en autocar ou à pied. Mais à vélo, c’est la meilleure façon de découvrir et comprendre la ville», a commenté Amanda Lawrence, originaire de Leeds, en Grande-Bretagne.

Si les Britanniques comme Mme Lawrence font partie des clientèles qui, comme les Australiens et les Allemands, optent pour le cyclotourisme lorsqu’ils débarquent dans la métropole, le produit est surtout populaire auprès des Nord-Américains, signale-t-on du côté de Tourisme Montréal.

«C’est un produit un peu plus pour le Canada et les États-Unis, où il y a des demandes un peu plus élevées, parce qu’ils connaissent mieux la ville, donc ils cherchent différentes façons de visiter Montréal. Pour quelqu’un de Toronto qui vient une fois par année et qui connaît un peu la ville, par exemple, c’est le genre de produit qui peut être attirant pour faire changement», expose M. Leclerc.

M. Mayer est l’un de ceux qui ont flairé la bonne affaire. Et il ne cache pas son intention d’exporter le concept dans d’autres villes.

«Je vois vraiment une croissance de la demande pour le cyclotourisme. Nous doublons notre ‘business’ à chaque année. On a vraiment des projets pour l’avenir. On espère reproduire ce modèle aux quatre coins du Canada et au-delà des frontières», affirme-t-il.

Le jeune entrepreneur n’en dira pas beaucoup plus sur ses projets d’expansion. Mais lorsque l’on évoque les villes de Québec, Toronto et Vancouver, il hoche la tête à chaque fois, tout sourire.

«Vancouver, c’est sûr que c’est tentant. Il y a un climat plus doux, alors la saison serait plus longue. C’est le seul défi à Montréal, évidemment, parce que la saison est écourtée à cause de l’hiver.»

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