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Agrile du frêne: La guerre face à cette menace silencieuse

Photo: Yves Provencher/Métro

Ses larves tuent les frênes. Pointe-Claire, Laval, Ville-Marie, Rosemont et d’autres arrondissements sont affectés. Si rien ne peut l’éradiquer, une combinaison de parasites, de champignons et des biopesticides ralentira sa progression. L’agrile du frêne représente un ennemi si redoutable que la Ville et le gouvernement fédéral conjuguent leurs efforts pour tenter de préserver ce feuillu qui représente près d’un arbre sur cinq à Montréal.

«C’est un tsunami qui s’en vient, explique Robert Lavallée, chercheur scientifique à Ressources naturelles Canada. C’est très grave, ça nuit aux arbres qui font partie du milieu de vie des citoyens. Ça ne va pas être beau!»

Le Montréalais d’origine est de retour dans la métropole depuis lundi pour étudier de nouvelles façons de détecter et de piéger l’agrile, ce petit insecte vert métallique d’environ un centimètre.

«La détection, c’est le nerf de la guerre, raconte-t-il, armé des phéromones développées par une chimiste de Fredericton. L’année dernière, lors de mes expérimentations, j’ai récupéré seulement 75 individus. Cette année, dans un secteur de Côte-des-Neiges, j’en ai ramassé des centaines!»

À cette vitesse, sans interventions musclées, le paysage montréalais pourrait ressembler à celui de Sarnia, en Ontario, où M. Lavallée étudiait un piège il y a quelques jours. Les photos de sa visite ressemblent davantage à un mois de novembre sans neige qu’à un chaud mois de juillet. Aucune feuille dans les arbres, sauf pour les quelques branches vertes à leur base, des rejets de souche, dernière couronne avant la fin du règne de l’arbre.

«Quand on va à Sarnia, on croirait que c’est l’automne en plein été, prévient-il. Au moins, la Ville a saisi le taureau par les cornes.»

L’administration a installé ses propres pièges pour tenter de capturer ces insectes et a commencé à les traiter avec des biopesticides.

Une autre arme dans l’arsenal des spécialistes: des parasites, des petites guêpes, moins grosses qu’une mouche à fruit, originaires de la province de Jilin, en Chine. Presque invisible, il s’attaque aux oeufs de l’insecte.

«Le problème, c’est qu’en Asie, l’agrile n’est pas un problème, elle ne s’attaque qu’aux frênes américains, alors on ne sait pas exactement quels traitements vont fonctionner, parce qu’on n’a pas de précédent», admet M. Lavallée, ajoutant que le froid québécois est un allié puisqu’il ralentit la progression de l’animal. Même un hiver sibérien ne pourra toutefois pas éradiquer l’insecte, qui survit jusqu’à 35 degrés sous zéro.

M. Lavallée travaille d’ailleurs, avec d’autres chercheurs, sur un piège afin de contaminer les mâles, qui sont polygames, avec des champignons. Ils vont ainsi contaminer plusieurs individus de la race lors de l’accouplement.

Il faut toutefois oublier l’éradication et axer la bataille sur le contrôle, estime le chercheur. L’expérience a déjà démontré en Ontario que même le recours à un abattage massif de frênes dans une zone infestée ne permet pas l’élimination de l’insecte.

La force de guerre est constituée notamment de la Ville de Montréal, de la Ville de Pointe-Claire, de l’Institut national de la recherche scientifique-Institut Armand-Frappier (INRS-IAF), de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et des Forces canadiennes.

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