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Quand des jeunes du centre jeunesse créent des jeux

Photo: Collaboration spéciale

En plein été, 13 jeunes garçons pris en charge par le Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire (CJM-IU) sont confinés à une salle de classe
sous-climatisée de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Aucun n’est turbulent ni indiscipliné. Tous sont très concentrés. Ils réfléchissent, ils bricolent
et ils discutent pour créer leur premier jeu de table avec l’aide d’un animateur d’Ubisoft Montréal.

«On leur montre les étapes de construction d’un jeu. Que ce soit des jeux vidéo ou des jeux de table, ce sont les mêmes étapes, qui présentent les mêmes écueils», explique l’animateur d’Ubisoft Montréal Benoît Gagnon. Ce dernier agit comme un producteur de jeux en commentant le travail des jeunes.

Pour la première fois, Ubisoft Montréal offre son programme Académia, conçu pour les adolescents âgés de 12 à 14 ans, à des jeunes du CJM-IU qui traînent des histoires de famille malheureuses. Ils ont été négligés, ils ont subi des abus ou ils sont carrément abandonnés.

Le programme d’Ubisoft Montréal a été adapté aux jeunes du CJM-IU. Ces derniers y consacrent toutes leurs matinées pendant deux semaines. Habituellement, les participants s’y adonnent pendant une semaine complète.

«Nos jeunes ne sont pas capables de se concentrer pendant une journée complète, mentionne l’éducateur du CJM-IU Michel Brière. En général, après 50 minutes, ils ne sont plus capables de se concentrer. Tout attire leur attention. Là, ils dépassent leur limite.»

Michel*, 14 ans, est un des jeunes du CJM-IU qui a rapidement démontré son intérêt pour l’activité d’Ubisoft Montréal. «J’ai toujours aimé les jeux vidéo, confie-t-il. Je voulais tellement y aller! C’est une de mes seules activités, mais j’étais sûr de l’aimer.»

Dans le cas du jeune Weezy*, l’activité d’Ubisoft Montréal lui permet de s’évader de son quotidien pendant quelques heures. «Ça change les idées dans ma tête», indique l’adolescent, pour qui le jeu est davantage un loisir qu’une passion.

Lors du passage de Métro, Michel donnait un peu de couleur à sa planche de jeu avec ses coéquipiers.

Non loin de lui, l’équipe de Weezy mettait à l’essai sa planche de jeu en forme d’étoile, sur laquelle des mutants et des soldats batailleront pour s’emparer d’un diamant.

Un dernier groupe s’affairait à préciser les règlements de son jeu, qui se déroulera dans une prison. Le but est d’en sortir grâce à une fusée.

Les 13 garçons ont beaucoup d’imagination et ils prennent l’activité très au sérieux, constate Benoît Gagnon. «Ces jeunes embarquent aussi facilement que d’autres jeunes, parce que la thématique est ludique», observe-t-il.

La seule différence, c’est que les jeunes du CJM-IU veulent travailler plus rapidement. Parfois, ils se trompent et doivent recommencer, et à d’autres moments, il y a de petites frictions entre deux garçons d’une même équipe. C’est tout à fait normal, assure l’animateur d’Ubisoft Montréal. Même dans les milieux professionnels, de tels conflits surviennent.

«C’est quand même une grosse pression qu’on leur met sur les épaules, ajoute Benoît Gagnon. Ils doivent produire un jeu fonction­nel en deux semaines. On ne s’attend pas à une qualité de production incroyable, mais il faut que ça fonctionne, que ça soit clair et que ça se tienne. Rapidement, il faut qu’ils livrent la marchandise. Je proposerais le même défi à des adultes et je ne suis pas sûr qu’il y en a beaucoup qui réussiraient.»

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Au cours de l’activité, ces jeunes du CJM-IU, qui se sont butés à beaucoup d’obsta­cles au cours de leur courte vie, doivent relever plusieurs défis, comme celui de bien communiquer leur idée, de s’affirmer tout en laissant de l’espace aux autres et d’accepter la critique.

he pour eux, précise Michel Brière, qui croit toutefois que cette expérience leur permettra de cheminer. «Leur estime d’eux-mêmes sera améliorée, dit-il. C’est une expérience tangible. Leur jeu, ils vont pouvoir le montrer. Ils vont pouvoir en être fiers.»

M. Brière espère que certains garçons développeront une passion qui les encouragera à poursuivre leurs études. Michel est déjà un de ceux-là. «J’ai toujours voulu travailler dans ce domaine-là, dit-il. Je veux maintenant aller au cégep.»

*Noms fictifs

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