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Les écolos accentuent la pression sur Marois concernant le pipeline d’Enbridge

Même s’il n’aura pas le dernier mot concernant l’inversion du flux dans le pipeline d’Enbridge, le gouvernement Marois dispose de plusieurs autres armes qu’il devra utiliser, clament les écologistes.

«La Californie a adopté une norme sur la teneur en carbone des carburants. Le Québec joue à l’autruche en ne le faisant pas», a déclaré lundi, le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin.

Greenpeace fera partie, mardi, des cinq groupes environnementalistes qui prendront la parole dans le cadre de la commission parlementaire qui se penche sur le dossier Enbridge. L’inversion du pipeline doit permettre d’acheminer chaque jour 300 000 barils de l’Ouest canadien vers les raffineries de Montréal et de Québec. Du pétrole sale, selon eux.

«Le pétrole des sables bitumineux contient 20% plus de carbone que le pétrole algérien que nous importons aujourd’hui. Il contient aussi plus de souffre et nécessite plus d’énergie à extraire», a ajouté André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

Ce même argument a été évoqué devant la Cour européenne, qui veut surtaxer le pétrole albertain. «L’Europe va se tourner vers la Russie et l’Algérie pour son approvisionnement en pétrole. Des pays qui ne rapporteront jamais la totalité de leurs émissions de gaz à effet de serre», a déclaré Greg Stringham, vp de l’Association canadienne des producteurs qui s’insurge contre ce type d’argument.

De son côté, Steven Guilbeault, cofondateur d’Équiterre, note que certains experts ont déjà noté qu’il y a un risque élevé de rupture d’ici quelques années avec l’oléoduc 9B, vieux de 38 ans, une affirmation que contredit Enbridge, qui n’a toutefois pas encore terminé la totalité de ses inspections internes de la canalisation. «Ce serait de la folie furieuse si l’Office national de l’énergie (ONÉ) donnait son autorisation avant d’avoir reçu un document sur l’état complet du pipeline et demandé une contre-expertise», a ajouté M. Guilbeault.

L’Office devrait rendre une décision vers la fin du mois du janvier. Cet organisme, qui aura le dernier mot dans ce dossier, est désormais un des seuls habilités à organiser des consultations publiques sur les projets énergétiques fédéraux. Consultations auxquelles il faut maintenant être invité pour pouvoir participer.

Le projet d’Enbridge vise à étendre le réseau de transport du pétrole de l’Ouest vers l’Est pour trouver de nouveaux marchés à une production croissante. Il vise aussi à diminuer la dépendance au pétrole venu de l’étranger. Mais selon Philippe Bourke, DG du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement, «le gouvernement ne peut pas fermer légalement et moralement les yeux sur des projets qui mettent en jeu l’état de la planète».

Devant la commission parlementaire, le président de Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) Denis Coderre a déclaré «reconnaître les avantages économiques du projet et des retombées pour la vitalité de la filière pétrochimique et des entreprises qui en dépendent, mais veut être rassurée sur le fait que l’entreprise prendra toutes les précautions nécessaires afin de réduire au minimum les risques qui y sont aussi associés».

La CMM se joint donc aux voix qui recommandent notamment au gouvernement de mener une étude d’impact environnemental sur le projet. Les 82 municipalités qui composent la CMM demandent aussi qu’Enbridge présente un plan d’urgence et contribue aux coûts de la sécurité civile.

Solutions pour Québec?
Si le gouvernement ne peut pas refuser le projet d’Enbridge, il peut agir de différentes façons:

  • Imposer une norme plus sévère sur la teneur en carbone des carburants
  • Bloquer les agrandissements de raffineries voulant traiter du pétrole lourd
  • Utiliser la Loi québécoise sur la qualité de l’environnement et demander un BAPE générique
  • «Il reste à voir si le gouvernement souhaite emprunter ces avenues», notent plusieurs écologistes

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