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Polytechnique: de l’acte politique au «terrorisme intime»

Photo: Paul Chiasson / La Presse Canadienne

Vingt-quatre ans après la tuerie de Polytechnique au cours de laquelle 14 femmes ont perdu la vie sous les balles, la violence envers les femmes est passée du «terrorisme collectif» au «terrorisme intime» dans notre société, estime la présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ).

«Des événements comme Polytechnique sont une situation extrêmement rare. Mais aujourd’hui, des femmes font toujours face à toutes sortes de formes de dénigrement et de violence dans leur vie familiale et dans leur vie de couple», exprime Alexa Conradi.

Alors que la FFQ prendra part vendredi à une commémoration de la tuerie de Polytechnique, sa présidente Alexa Conradi dresse un portrait de l’évolution de la situation des femmes depuis ce jour tragique de 1989.

Le problème est toujours présent, selon elle, sous une forme moins apparente, mais tout autant pernicieuse. «Marc Lépine [le tueur de Polytechnique] a posé un geste de «terrorisme collectif» et ce que vivent plusieurs femmes à travers le Québec, il s’agit de «terrorisme intime». Ultimement, les effets sont similaires», soutient Mme Conradi.

La présidente reconnaît qu’un système d’appui légal a été mis en place afin de venir en aide à ces femmes victimes de violence en situation conjugale. «Maintenant, c’est la capacité du système de bien saisir l’ampleur du phénomène qui doit être ajustée», poursuit-elle. Elle regrette notamment que la perception des autorités à l’égard des cas de violence conjugale ne soit parfois pas adaptée à la réalité, selon elle. «Les autorités minimisent l’effet de la violence conjugale, par exemple, dans des cas où il y a des enjeux de garde d’enfants. Ils accordent parfois banalement la garde des enfants aux deux parents, alors qu’il y en a un qui est responsable de la violence», regrette Alexa Conradi.

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Les événements de la Polytechnique a été le moment où «un homme a ciblé clairement des femmes qui voulaient rentrer dans un milieu d’hommes parce qu’il se sentait menacé par ces femmes», estime la présidente de la FFQ. Selon elle, on assiste, encore aujourd’hui, à ce type de réactions dans certains milieux qui restent majoritairement masculins.

«Dans le milieu de la construction, la vie des femmes est difficile et le harcèlement est assez lourd. La culture de la place fait qu’on peut isoler les femmes», note Mme Conradi.

Registre des armes d’épaule
La Coalition pour le contrôle des armes, fondée à la suite de la tuerie de l’École Polytechnique, et la Clinique juridique Juripop annonceront vendredi le début d’une campagne de financement afin de soutenir leur requête en intervention qu’ils présenteront devant la Cour Suprême. La Cour d’appel ayant statué que le Québec ne peut pas obliger Ottawa à lui remettre les données du registre des armes à feu, la Cour Suprême a accepté en novembre d’entendre l’appel du gouvernement provincial.

«Avec l’expertise particulière qu’a récoltée la Coalition depuis 20 ans, nous voulons démontrer devant la Cour que le registre des armes d’épaule et les législations ont un impact réel sur la vie des gens», affirme Marc-Antoine Cloutier, directeur général du regroupement des Cliniques juridiques Juripop.

Pour ce faire, un montant de 25 000$ doit être amassé afin de couvrir les frais d’avocat «sans demander aux victimes de débourser», précise-t-il.

Une campagne de sensibilisation sur l’importance du contrôle des armes sera également lancée, notamment par le biais d’une vidéo sur leur site web et d’une campagne de lettres que la population pourra envoyer au ministre fédéral de la Sécurité publique, Steven Blaney. La vidéo, qui laisse parler l’une des victimes des événements de la Polytechnique, tente, de fait, de réaffirmer l’importance de conserver les données du registre des armes d’épaule.

Les informations seront disponibles sur le site web de Juripop.

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