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Manifestation féministe nocturne interdite aux hommes

MONTRÉAL – Une manifestation «interdite» aux hommes s’est déroulée mardi soir à Montréal, à l’invitation d’une organisation féministe, pour s’opposer aux mesures d’austérité du gouvernement Couillard. Malgré son originalité, elle s’est terminée comme bien d’autres marches de protestation: une intervention musclée du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Quelques centaines de femmes se sont d’abord rassemblées à la place Norman-Bethune, près du campus Sir-George-Williams de l’Université Concordia, au centre-ville. Un fort cordon policier les a surveillées des deux côtés du cortège.

Tout au long de la soirée, les policiers ont tenté de canaliser le trajet des manifestantes en bloquant plusieurs rues. Les manifestantes ont à plusieurs reprises crié leur indignation face à la tactique policière: «Ce n’est pas les hommes qui vont nous dire quoi faire».

Elles ont même parfois tenté de prendre les policiers de vitesse en courant pour imposer leur itinéraire. À un certain moment, un barrage de policiers à vélo a fait face à un barrage de manifestantes…à vélo.

Vers 22 h, certaines manifestantes, refusant de suivre la direction que voulaient leur imposer les représentants de l’ordre, ont créé une brèche dans un barrage policier. Au cours de cette brève bousculade, les policiers ont fait usage de poivre de Cayenne pour tenter de les repousser. Le SPVM a alors ordonné la dispersion de la foule, ce qu’elle a fait en utilisant du gaz lacrymogène.

Une dizaine de minutes après l’intervention musclée des policiers, une forte odeur de gaz régnait encore près de l’Université Concordia.

Au cours de cette manifestation, certains policiers n’ont pu s’empêcher d’être narquois. Un agent a lancé aux manifestantes: «Amenez une femme du SPVM pour leur parler. On ne les a pas engagées pour rien».

Le bilan final de la manifestation fait état de l’arrestation d’une manifestante pour voie de fait contre des policiers à vélo, ainsi que d’une interpellation en vertu du règlement P-6 pour avoir refusé d’obtempérer à un ordre d’un agent de la paix, a confirmé le SPVM en fin de soirée.

Avant le début de la manifestation, les organisatrices avaient lancé un avertissement sur Facebook: les manifestants mâles et les journalistes masculins ne seraient «pas tolérés» dans la marche. Il semble que le mot d’ordre a été respecté.

Plusieurs féministes préfèrent se regrouper en non-mixité, peut-on lire sur le groupe Facebook dédié à l’événement pour justifier le refus d’accueillir des manifestants masculins.

Depuis le début des manifestations contre l’austérité plusieurs groupes féministes ont sorti sur la place publique pour dénoncer les décisions du gouvernement et les répercussions qu’elles auraient plus particulièrement sur les femmes.

Ainsi, la Fédération des femmes du Québec soulignait récemment que les coupes au sein de l’appareil étatique touchent davantage les femmes, car ce sont elles qui composent le personnel des services publics à hauteur de 75 pour cent.

Selon l’organisme, les femmes sont aussi les premières victimes des compressions au sein des organismes communautaires.

La manifestation non-mixte de mardi soir est la première du genre dans le mouvement printanier contre l’austérité.

«Manifestons entre féministes de façon non-mixte pour dénoncer l’austérité patriarcale, les mesures gouvernementales sexistes, transphobes, homophobes, colonialistes et racistes, la culture du viol et nos oppressions quotidiennes», ont écrit les organisatrices de l’événement pour expliquer leurs motivations.

L’événement a été planifié par le groupe des «Hyènes en jupons». Le site internet de l’organisation est décrit comme un espace où s’animent les «féministes radicales et anarcho-féministes».

Le refus d’accepter des manifestants de sexe masculin a provoqué bon nombre de réactions sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnes disent comprendre leurs motivations, mais estiment que d’exclure un sexe n’est pas une bonne stratégie.

«Si je me présente pour défendre cette cause (comme je l’ai toujours défendue) on va me demander de quitter sur la base de mon sexe masculin? C’est justement ça le sexisme. Unisson-nous au lieu de nous diviser», a ainsi laissé tomber un internaute sur un groupe Facebook dédié au «Printemps 2015».

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