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Le gouvernement produit de l’itinérance, selon des organismes communautaires

Photo: Josie Desmarais/Métro

Coupes à l’aide sociale, compressions dans des programmes de réinsertion, les actions du gouvernement du Québec dans les dernières années ont poussé de nombreuses personnes à la rue, a affirmé mardi le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) dans le cadre de son premier Forum itinérance et pauvreté.

Pour aller suivre une thérapie dans un centre de traitement des dépendances il y a deux ans, Fred Voghel, 28 ans, a dû quitter son appartement. Son chèque d’aide sociale a été à peine suffisant pour payer toutes ses dépenses, dont les coûts de la thérapie, les produits non inclus dans le séjour, ses médicaments et ses dettes.

«Quand je suis sorti, je me suis retrouvé à la rue. Et comme je consommais pour oublier, mes problèmes [de drogue] ont recommencé», a-t-il confié à Métro.

Selon Fred, il aurait été encore plus difficile de s’en sortir s’il avait été soumis aux nouvelles règles en vigueur depuis le printemps dernier, qui a fait passer de 747$ à 200$ les prestations d’aide sociale de ceux qui fréquentent ces centres.

«Une série d’actions posées depuis bientôt deux ans est contraire à ce qui est prescrit par la Politique nationale de lutte à l’itinérance», a commenté Pierre Gaudreau, coordonnateur du RAPSIM, affirmant que le nombre de sans-abri est en hausse dans la province.

Le forum du RAPSIM, qui a réuni plus de 130 participants pendant une journée, avait notamment pour objectif de mobiliser les forces à la veille des auditions publiques sur le projet de loi 70, qui aurait le potentiel d’aggraver encore plus la situation. Selon ces règles, les nouveaux prestataires seront obligés de participer à un programme d’employabilité sans quoi ils pourraient perdre une partie de leur prestation.

Or, de nombreux sans-abri qui reçoivent de l’aide sociale pourraient être pénalisés. Selon Mathieu Thériault, qui a vécu l’itinérance pendant deux ans, il est quasiment impossible pour eux de chercher un emploi. «Tu es en mode survie. Ton programme de la journée, c’est de trouver où tu vas dormir le soir, ce que tu vas manger», a estimé le camelot du journal l’Itinéraire. Il sera encore plus difficile de sortir de la rue avec un demi-chèque d’aide sociale, estime-t-il.

Chantal Guérin, conseillère au Groupe information travail, constate que de nombreux usagers de son organisme, qui offre des programmes d’employabilité aux plus démunis, peinent à trouver du travail parce qu’ils ne peuvent pas payer pour leurs besoins de base, pour un téléphone, pour une passe d’autobus.

Le RAPSIM manifestera à Québec mercredi pour l’ouverture des consultations sur le projet de loi 70.

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